Une nouvelle variété appelée « cacao brésilien » fait le bonheur des agriculteurs camerounais depuis plusieurs mois. Fruit du travail de l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD), cette semence permet d’obtenir des rendements de 2 tonnes par hectare en moyenne, soit le double du rendement de la première génération de semences des années 1970 et 1980.
Les recherches financées par la BAD
Le cacao est le deuxième produit agricole d’exportation du Cameroun derrière le coton avec environ 220 000 tonnes par an. Il emploie 600 000 personnes dans tout le pays, faisant de lui un secteur vital pour les communautés rurales. Malheureusement, c’est aussi une culture fragile dont le rendement a tendance à diminuer en raison des effets combinés du changement climatique et de l’appauvrissement des sols. Une situation qui menace les moyens de subsistance des agriculteurs.
Pour maintenir les emplois et sauver ce pilier de l’économie camerounaise, la Banque africaine de développement (BAD) a accordé des financements à l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) pour la création de variétés de semences plus adaptées au nouveau contexte.
« Nous avons réussi à doubler le rendement potentiel des variétés »
A l’issue des recherches, l’IRAD a réussi à mettre au point une variété de semences de deuxième génération. Celle-ci permet d’obtenir des rendements de 2 tonnes par hectare en moyenne. Tandis que la première génération, développée dans les années 1970 et 1980, donnait environ 1 tonne par hectare. « Il y a eu des progrès énormes. En moins de vingt ans, nous avons réussi à doubler le rendement potentiel des variétés que les cultivateurs utilisent désormais », explique Bruno Efombagen, chercheur de l’IRAD à Yaoundé.
La demande des semences devenant importante, la Banque africaine de développement a soutenu l’IRAD pour rendre disponibles ces semences au plus grand nombre de cultivateurs. Dans tout le pays désormais, l’IRAD met en place de plus en plus de champs dédiés à la production de semences. Très vite, les résultats se sont fait sentir. « Autrefois, nos parents cultivaient une variété dite ‘tout-venant’, mais aujourd’hui, grâce aux progrès de la recherche, nous avons accès à des semences améliorées », se félicite Samba M’Viena, le président d’AKOM-COOP-CA, une coopérative agricole.
Le « cacao brésilien » profitable à tous
Cette variété de semences de cacao de meilleure qualité a contribué à juguler l’exode rural. Au moins 62 jeunes gens ont récemment rejoint la coopérative de M. M’Viena. « Leur décision de se lancer dans la culture du cacao découle de la disponibilité des semences améliorées vu qu’elles permettent des récoltes rapides et abondantes. », estime le président d’AKOM-COOP-CA.
Aussi, il n’y a pas que les agriculteurs qui en tirent profit. C’est toute une chaîne économique qui s’est mise en place avec cette nouvelle semence. « La saison dure d’août à janvier. C’est pendant ces six mois que je gagne la totalité de mes revenus annuels », explique Yannick Fosso, commerçant qui achète du cacao en campagne pour le revendre à Douala, la capitale économique. « Lorsque vous regardez les plants, vous voyez que le cacao brésilien est une meilleure variété que celle que nos parents cultivaient. Il a une couleur plus vive, les cosses ne noircissent jamais, elles sont entièrement rouges. Du coup, lorsque vous torréfiez ce cacao, il donne une très belle couleur et un bon goût. », apprécie-t-il.
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