Le président américain accuse l’État ouest-africain d’inaction face à ce que son administration décrit comme « la persécution des chrétiens ».
« J’ordonne par la présente à notre département de la Guerre de se préparer à une éventuelle action. Si nous attaquons, ce sera rapide, brutal et efficace« . Dans un message publié sur son réseau social Truth Social, le 1er novembre, Donald Trump a menacé de recourir à la force militaire contre le Nigeria.
« Cela pourrait être des frappes aériennes ou des troupes au sol« , a-t-il précisé le lendemain, répondant à un journaliste, avant d’ajouter de manière énigmatique : « J’envisage beaucoup de choses. » À l’origine de cette offensive verbale, les persécutions de chrétiens que l’administration américaine affirme constater dans le pays ouest-africain.
« Si le gouvernement nigérian continue à permettre le meurtre de chrétiens, les États-Unis cesseront immédiatement toute aide et assistance au Nigeria, et pourraient très bien entrer dans ce pays désormais déshonoré, ‘toutes armes dehors’, pour éliminer complètement les terroristes islamiques qui commettent ces horribles atrocités« , a poursuivi le locataire de la Maison Blanche sur Truth Social.
Cette prise de position intervient sur fond de mobilisation croissante d’élus américains, en particulier de la droite chrétienne, autour de la situation au Nigeria.
Une situation bien plus complexe sur le terrain
Le sénateur républicain Ted Cruz compte parmi les figures les plus offensives de cette campagne, rejoignant un chœur de militants chrétiens conservateurs qui réclament depuis des semaines une ligne plus dure de Washington.
La réalité, sur le terrain, apparaît pourtant bien plus nuancée aux yeux de nombreux analystes. Si le Nigeria fait face depuis 2009 à une insurrection islamiste persistante, notamment dans le nord, avec Boko Haram et la Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique (ISWAP), les violences touchent indistinctement les Nigérians, toutes confessions confondues.
Le pays présente par ailleurs une configuration démographique particulièrement équilibrée, avec quelque 230 millions d’habitants répartis à peu près à parts égales entre musulmans et chrétiens. Cette mixité religieuse, loin de nourrir mécaniquement un conflit généralisé entre communautés, est même décrite par beaucoup comme un trait structurant de la société nigériane.
La réponse ferme d’Abuja
Face à ces accusations et menaces, le président nigérian Bola Tinubu a réagi. Dans un long message publié sur X, il a vigoureusement contesté la description de son pays comme « religieusement intolérant ».
« La liberté religieuse et la tolérance ont été un principe fondamental de notre identité collective et le resteront toujours. Le Nigeria s’oppose à la persécution religieuse et ne l’encourage pas. Le Nigeria est un pays avec des garanties constitutionnelles pour protéger les citoyens de toutes confessions« , a déclaré Tinubu.
Au-delà de la dimension diplomatique et sécuritaire, les menaces brandies par Washington pourraient avoir de lourdes conséquences économiques pour le Nigeria. Le pays subit déjà les effets de la politique commerciale musclée de l’administration Trump, avec l’instauration de droits de douane de 15%, pesant sur quelque 400 millions de dollars d’échanges.

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