Pour la première fois, un chiffre permet peut-être d’évaluer le nombre de personnes originaires du continent africain mobilisées par Moscou dans sa guerre contre Kiev.
Selon les données collectées par l’Ukraine, 1 436 ressortissants de 36 pays africains se trouveraient actuellement engagés aux côtés des forces russes dans le cadre du conflit opposant les deux pays depuis près de trois ans.
Bien que ce bilan, rendu public par le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriy Sybiha, soit probablement en deçà de la réalité selon ses propos, il s’agit de la première communication chiffrée concernant la mobilisation d’Africains dans les rangs russes sur le théâtre ukrainien.
Le sujet est abordé depuis plusieurs mois par de nombreux médias africains. Au Sénégal, plusieurs journaux ont évoqué le cas de Malick Diop, jeune homme de 25 ans parti poursuivre ses études en Russie, avant de se retrouver enrôlé dans l’armée russe. Envoyé sur la ligne de front, il a été capturé en territoire ukrainien.
« Les citoyens étrangers dans l’armée russe ont un triste destin. La plupart d’entre eux sont immédiatement envoyés dans ce qu’on appelle les ‘assauts de chair’, où ils sont rapidement tués« , a écrit sur X, Andriy Sybiha, vendredi 7 novembre.
Une tragédie africaine sur le sol russe
Ces nouveaux arrivants, peu préparés et mal équipés, sont ainsi exposés à des offensives extrêmement dangereuses, où leur survie se compte en jours, parfois en heures. Face à ce phénomène, certains gouvernements africains commencent à réagir.
L’Afrique du Sud a engagé des investigations après que 17 de ses ressortissants, enrôlés à leur insu, ont sollicité une aide pour rentrer. Le Kenya, quant à lui, a reconnu que plusieurs de ses citoyens se retrouvent enfermés dans des installations militaires en Russie, victimes de promesses mensongères et de recrutement forcé.
« La vie qu’il menait en Russie était très difficile. Sa bourse ne suffisait pas et il devait travailler pour subvenir à ses besoins, mais il n’a jamais précisé la nature de son emploi », témoigne Saliou, le frère de Malick Diop à Jeune Afrique. Son récit éclaire les pratiques employées par la Russie pour attirer de nouveaux combattants.
Un cri d’alarme à destination de l’Afrique
D’après Malick Diop, un individu lui aurait fait miroiter cinq millions de roubles pour un travail supposé en “ville”. Une illusion, puisque l’argent promis n’a jamais été versé.
Devant la gravité de la situation, les autorités ukrainiennes intensifient leurs appels envers les gouvernements africains, les invitant à sensibiliser leurs citoyens sur les risques encourus en acceptant des offres de travail ou des contrats en Russie.
Les officiels ukrainiens insistent sur la nécessité d’une coopération internationale renforcée pour traquer et démanteler les réseaux de recrutement qui opèrent sur le continent africain. Ils appellent également à un durcissement des sanctions contre les individus et les entités impliqués dans ces pratiques.

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