Nouvelle taxe logement au Gabon

Le gouvernement gabonais lance à partir de janvier 2026 la taxe forfaitaire d’habitation, un dispositif fiscal destiné à financer les collectivités locales dans le cadre de la politique de décentralisation. Un nouveau levier de mobilisation de ressources dans un contexte d’endettement croissant.

La contribution forfaitaire d’habitation représente un impôt obligatoire appliqué sur les propriétés bâties. Contrairement à ce que son appellation pourrait laisser penser, elle concerne tout occupant d’un local à usage résidentiel ou professionnel.

À la différence de l’ancienne taxe d’habitation, dont le taux était fixé à 2 %, le nouveau dispositif repose sur des montants établis à l’avance selon les zones d’occupation. Ces sommes varient entre 1 000 et 30 000 francs CFA, précise la conseillère spéciale Marie-Noëlle Ada Meyo, citée par Reuters.

Pour illustrer les avantages du système forfaitaire, le directeur général des Impôts, Éric Bouma, invité il y a quelques jours sur la chaîne Gabon 24, a pris l’exemple d’un locataire payant 200 000 francs de loyer mensuel, soit 2,4 millions par an.

Avec l’ancien taux de 2 %, ce contribuable devait s’acquitter de 48 000 francs au titre de la taxe d’habitation. Désormais, un résident du PK47 ne paiera que 12 000 francs annuels, contre 48 000 dans l’ancien régime.

Financer la décentralisation

D’après les autorités, l’objectif principal est de financer les collectivités locales dans le contexte de la nouvelle politique de décentralisation que connaît le Gabon. L’ancien putschiste fraîchement élu président, Brice Oligui Nguema, souhaite notamment dynamiser le développement communal et améliorer le cadre de vie à travers des projets d’assainissement, d’aménagement urbain et d’infrastructures de proximité.

Les prévisions de recettes pour 2026 atteignent 22,6 milliards de francs CFA, alors que le pays fait face à un endettement croissant. D’après un rapport de l’Agence gabonaise de la dette cité par Reuters, l’encours public s’élève à 8,6 mille milliards de francs CFA à fin octobre, contre 7,1 mille milliards un an plus tôt.

Cette somme colossale se répartit entre 4,2 mille milliards de dette extérieure et 4,4 mille milliards de dette intérieure, dont 3,2 mille milliards levés sur le marché financier de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).

Une contribution ciblée, mais socialement sensible

Les arriérés de paiement atteignent déjà 443,6 milliards de francs CFA, selon la même source. Si les autorités promettent de ménager les franges les plus vulnérables, cette mesure fiscale reste socialement délicate dans un pays où plus d’un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, d’après la Banque mondiale.

Certains observateurs redoutent que cette taxe ne devienne un instrument de plus dans un système marqué par la mauvaise gestion et la corruption des fonds publics. « Peut-on vraiment affirmer que la TVA ou les autres prélèvements sont reversés régulièrement ? », s’interroge Christian Abiaghe Ngomo, président d’une association de consommateurs, au micro de Le360 Afrique.

De telles inquiétudes risquent d’alimenter la méfiance envers le pouvoir et de relancer le débat sur la transparence dans la gestion des ressources nationales.


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