Pour la France, l’impasse se poursuit au Sahel

La récente prise du pouvoir des militaires au Burkina Faso vient compliquer la posture déjà intenable de Paris dans une région en proie au djihadisme, doublé d’un fort sentiment antifrançais de la part des populations locales.

C’est une situation que la France abhorrait par-dessus tout, au regard du contexte d’extrême tension entre la métropole et ses anciennes colonies. Paris se trouve confronté aujourd’hui au Tchad, au Mali, au Niger ainsi qu’en Guinée à un double défi : la lutte contre le djihadisme et l’hostilité grandissante des populations de la région prosaïquement appelée « sentiment antifrançais ».

À ces fronts pour le moins brûlants, vient s’ajouter désormais un autre autant préoccupant au Burkina Faso. Le pays frontalier du Niger et du Mali entre autres, a en effet vu son président Roch Marc Christian Kaboré déposséder de ses pouvoirs par des militaires, lundi 24 janvier. Soit au lendemain de l’éclatement d’une mutinerie dans les casernes sur fond de manque de moyens pour combattre l’hydre djihadiste. Ce fléau met le pays particulièrement à l’épreuve depuis le soulèvement populaire contre l’ancien chef de l’État, Blaise Compaoré, en 2024.

Hostilité exacerbée

Ainsi, comme au Mali, la situation sécuritaire est évoquée par les putschistes burkinabè pour justifier la prise du pouvoir. Ce n’est pas flatteur pour une France militairement engagée dans la région depuis bientôt une décennie sans résultats probants. Du point de vue des populations concernées à tout le moins. Comme l’indique la spécialiste Nagalé Bagayoko, l’ancienne puissance colonisatrice est davantage vue comme un problème au Sahel aujourd’hui.

L’hostilité envers elle est si exacerbée que même sa coopération dans la lutte anti-djihadiste n’est plus la bienvenue. Illustration à Bamako où la junte multiplie les actions de défiance avec les autorités françaises, allant jusqu’à demander une réforme des accords de défense liant les deux pays.

Incertitudes

La France fait donc mine de s’en aller, en procédant à une réduction graduelle de ses soldats dans ce terreau djihadiste par excellence en Afrique. Le processus enclenché depuis l’été doit s’étendre jusqu’en 2023. Mais Paris ne veut pas complètement claquer la porte, au risque de laisser libre cours à la Russie. L’ancienne puissance soviétique en froid avec l’Occident place ses pions sur place avec la bénédiction du Mali, qui plaide une diversification de ses partenaires.

Il reste à voir si les auteurs du coup d’État burkinabè s’aligneront sur la même posture. Mais quoi qu’il en soit, l’équation reste quasiment insoluble pour la France : partir et laisser la Russie aux manœuvres ou rester alors que sa présence n’est plus souhaitée. Sans compter les conséquences de la menace djihadiste à ses frontières.


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