La France fait un geste envers les tirailleurs sénégalais

L’État français a décidé d’accorder aux anciens soldats africains de l’armée coloniale employée durant la Seconde Guerre mondiale, la possibilité de bénéficier du minimum vieillesse tout résidant hors de l’Hexagone.

Ils seraient une quarantaine encore en vie selon l’Office national des combattants et des victimes de guerre, structure sous tutelle du ministère français des Armées. Tous âgés de 90 ans ou plus. Et donc dans l’incapacité d’effectuer de longs voyages, même si c’est pour toucher leur dû.

Ces personnes, les tirailleurs sénégalais en l’occurrence, du nom donné aux anciens soldats d’origine africaine enrôlés parfois de force par la France colonisatrice pour guerroyer en Indochine, à Madagascar, en Algérie et sur les autres théâtres d’opérations durant la Seconde Guerre mondiale notamment, vont pouvoir toucher leurs allocations sans tracas.

Mesure de tolérance

Il s’agit en ce qui les concerne, du minimum vieillesse encore appelé allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) dont les conditions d’accès viennent d’être allégées par les autorités françaises.

Celles-ci faisaient en effet obligation aux bénéficiaires de résider en France la moitié de l’année afin de bénéficier de cette somme d’un peu plus de 900 euros mensuels applicables aux personnes âgées de 65 au moins dont les revenus annuels restent inférieurs à 10 000 euros.

La nouvelle de l’allègement a été annoncée mercredi 4 janvier 2023 par le ministère des Solidarités. Il précise que des procédures sont d’ores et déjà en cours afin de faire bénéficier quelques 22 personnes de cette mesure dite de tolérance longtemps réclamée par les intéressés.

Une rare victoire

L’initiative est donc chaleureusement accueillie par ces derniers. D’autant qu’elle vient leur ôter une épine du pied. Nombreux sont ces tirailleurs contraints de vivre seuls, souvent dans des conditions peu dignes de leur sacrifice pour la patrie bleu-blanc-rouge. Une patrie qui n’a jamais su les en remercier véritablement.

Au contraire, elle a causé la mort de plusieurs dizaines de ces soldats (leur nombre exact est sujet à débats) qui ont osé lui réclamer leurs indemnités en 1944 dans le camp militaire de Thiaroye à Dakar, la capitale sénégalaise. D’où le terme « massacre de Thiaroye » largement documenté aujourd’hui par des historiens qui réclament depuis que la mémoire des victimes soit honorée.

« On meurt de misère morale », regrette auprès de Franceinfo Yoro Diao, un de ces tirailleurs encore en vie et particulièrement ravi de l’élargissement des conditions du minimum vieillesse.

La décision est intervenue dans la foulée de la sortie du film « Tirailleurs », avec l’acteur français d’origine sénégalo-mauritanienne Omar Sy à l’affiche.


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