
L’électricien sénégalais voit son contrat d’affermage suspendu au Congo sur fond de contestation syndicale des agents de l’opérateur public local.
« Je vous demande de suspendre la procédure de mise en affermage du service public de distribution en vue de la vente de l’électricité et d’en informer la Senelec qui ne manquera pas de comprendre le bien-fondé de la démarche gouvernementale ».
C’est en ces termes que le chef du gouvernement congolais Anatole Collinet Makosso a mis, le 5 mars dernier, un coup d’arrêt à l’accord de distribution et de commercialisation d’électricité dans le pays confié, à peine deux semaines plus tôt, à la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec).
Raison évoquée pour ce revirement selon le Premier ministre ? « Le souci de préserver la paix sociale ». Une façon bien diplomatique de dire que sa main a été forcée.
L’attribution de ce contrat prise dans le but de pallier les défaillances de l’Énergie électrique du Congo (E2C), l’énergéticien congolais, faisait en effet l’objet de fortes contestations de la part des employés de la société nationale, avant même son entrée en vigueur.
« Une société étrangère »
La grogne menée par le groupement syndical de l’entreprise avait conduit à une manifestation le 21 février dernier. Les agents de la E2C avaient invité « impérativement le gouvernement à reconsidérer la démarche de céder le système électrique national à des tiers dont l’expérience en la matière est douteuse ».
Une prise de position étrange au regard de la procédure d’attribution de ce marché soutenu par un prêt de 100 millions de dollars accordé par la Banque mondiale et pour lequel l’entreprise désignée – la Senelec donc – « apportera son expertise sans rien financer », selon les termes d’une source au sein de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) consultée par Jeune Afrique (JA).
En effet, outre Senelec, figuraient parmi les prétendants quatre autres opérateurs étrangers, dont le Suisse Hydro Operation International, le Chinois Inhemeter, l’Israélien PowerCom et le Libanais Mrad Company for Trade, Industry and Contracting.
« Ce qui pose visiblement problème, c’est qu’il s’agit d’une société étrangère », avance la source de JA.
Une commission technique à la rescousse
La suspension du contrat avec Senelec plonge la réforme énergétique congolaise dans l’incertitude. Comme le déplore une autre source impliquée dans le dossier citée par Jeune Afrique, « cette polémique met toute la réforme à l’arrêt étant donné que E2C devra dans tous les cas être remplacée ».
Une commission technique interministérielle est désormais d’éclairer l’opinion sur les conditions de signature de l’accord.
« La commission prendra du temps avant de rendre ses conclusions. D’ici là, le contrat restera suspendu, mais il n’est pas résilié », précise à JA, Olivier Mazaba Ntondele, coordonnateur du Projet d’amélioration des services d’électricité (PASEL) et responsable au sein de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel).
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