
Canal+ vient de franchir un nouvel obstacle dans sa tentative de rachat du géant sud-africain de l’audiovisuel. Cette acquisition représente un enjeu stratégique pour les intérêts du milliardaire breton sur le continent.
L’autorité sud-africaine de la concurrence a annoncé, mercredi 21 mai, qu’elle recommande l’approbation du rachat de MultiChoice par Canal+, « sous réserve de certaines conditions ». De quoi ouvrir la voie à la création d’un géant panafricain de la télévision payante sous la houlette du groupe français de Vincent Bolloré.
Le milliardaire breton propriétaire de Canal+ a en effet jeté, depuis l’année dernière, son dévolu sur MultiChoice, leader sud-africain du streaming et de la télévision payante, dont il possède actuellement 45,2 % du capital.
L’objectif est de racheter le reste des parts dans le cadre d’une offre publique évaluée à 2,7 milliards d’euros, dont 1,7 milliard d’euros pour les 54,8 % d’actions ciblées. Cette opération reflète la stratégie d’expansion de Canal+ sur un marché africain – francophone surtout – qu’il connaît bien.
Le groupe audiovisuel, autrefois sous la coupe de Vivendi, tire en effet l’essentiel de sa croissance de la zone Afrique/Asie (+2,5 % de revenus en 2024), contrairement à l’Europe marquée par un ralentissement (-0,7 %).
Une large ambition de croissance
Parallèlement, MultiChoice, fondé en 1995, se présente comme un mastodonte de l’audiovisuel africain anglophone et lusophone, avec une présence forte au Nigeria, en Angola et en Zambie, entre autres. Le groupe basé à Randburg offre ainsi à Canal+ une complémentarité géographique et linguistique rare sur le marché, lui permettant d’étendre sa domination.
Cette ambition est motivée par la concurrence de plus en plus importante des géants technologiques américains tels que Netflix, Amazon ou encore Apple TV.
Le groupe de Vincent Bolloré projette de fait, à travers ce deal, « un impact significatif sur l’état financier de Canal+ à moyen terme en Afrique et dans le monde », d’après Jeune Afrique (JA) qui cite le document présenté par le groupe français aux investisseurs potentiels en novembre 2024.
Quelques défis à surmonter
« Il s’agit d’une étape importante dans notre ambition de créer une entreprise mondiale de médias et de divertissement avec l’Afrique en son cœur », s’est réjoui le président du directoire du groupe Canal+, Maxime Saada, dans un communiqué conjoint publié à l’annonce de l’autorité sud-africaine de la concurrence.
Les deux opérateurs maintiennent le 8 octobre prochain comme date butoir pour conclure la transaction, en attendant le verdict du tribunal de la concurrence d’Afrique du Sud, dont la date de l’audience reste inconnue.
Il est à noter que MultiChoice traverse actuellement une période difficile, ayant perdu près de 18% de ses abonnés en deux ans, passant de 23,5 millions à 19,3 millions de clients. De son côté, malgré une hausse du chiffre d’affaires de 7,5% en 2024 pour atteindre 6,45 milliards d’euros, Canal+ a enregistré une perte nette de 147 millions d’euros.
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