
L’incident survenu le 18 février 2025 à la mine Sino-Metals Leach Zambia Ltd. aurait provoqué une contamination bien plus importante qu’initialement rapportée, selon une nouvelle évaluation environnementale indépendante.
La quantité de déchets toxiques déversée dans la rivière Mwambashi, puis dans la Kafue considérée comme le cœur hydraulique de la Zambie suite à la catastrophe de la mine Sino-Metals Leach Zambia Ltd. pourrait atteindre 1,5 million de tonnes, soit l’équivalent de plus de 400 piscines olympiques.
C’est ce que révèle Bloomberg, citant les conclusions d’une évaluation indépendante du désastre. Menée par Drizit Zambia Ltd., entreprise spécialisée dans l’évaluation des risques environnementaux, à la demande de Sino-Metals, l’audit aurait été interrompu par cette dernière.
L’objectif serait, selon Drizit dont le contrat a depuis été résilié, « d’empêcher notre rapport d’atteindre les autorités compétentes ». En effet, les premières estimations du gouvernement zambien faisaient état de 50 000 tonnes de déchets déversés.
Un chiffre qualifié de « grossièrement inexact » par l’évaluateur dans ses conclusions datées du 3 juin dernier et consultées par Bloombberg. Cette révision spectaculaire des chiffres place désormais cet effondrement d’un barrage à résidus miniers parmi les pires catastrophes minières jamais enregistrées à l’échelle mondiale.
Une contamination qui menace l’avenir de la région
Les déchets déversés contiennent des concentrations importantes de métaux lourds extrêmement toxiques, notamment de l’arsenic, du cyanure et de l’uranium.
Pour le gouvernement zambien, la situation est d’autant plus embarrassante qu’il avait tenté de minimiser l’ampleur de l’incident en annonçant avoir déversé de la chaux dans la rivière pour neutraliser l’acidité. Certains officiels sont allés jusqu’à boire publiquement l’eau du robinet de Kitwe pour démontrer qu’elle était « sûre ».
Il s’agit, selon de nombreux observateurs, d’une approche superficielle et dangereuse qui ne peut atténuer les conséquences à long terme de cette contamination massive. Les experts environnementaux s’accordent à dire que les effets de ce déversement se feront sentir pendant des décennies, affectant l’écosystème local et la santé des populations sur plusieurs générations.
Preuve de la gravité de la situation, les États-Unis avaient officiellement appelé leurs ressortissants présents dans la région à éviter tout contact avec les sources d’eau contaminées.
Les enjeux économiques derrière le silence officiel
Transparency International, l’organisation de lutte contre la corruption, a publié une déclaration particulièrement alarmante, soulignant que cette catastrophe « pose de sévères effets à long terme, particulièrement si des mesures immédiates ne sont pas prises ».
D’après Bloomberg, l’attitude de l’État zambien face à cette catastrophe s’explique en grande partie par les considérations économiques qui sous-tendent les relations entre la Zambie et la Chine.
La société mère de Sino-Metals Leach Zambia Ltd. a en effet promis d’investir au moins 1,3 milliard de dollars pour soutenir l’ambitieux projet de la Zambie de tripler sa production de cuivre. De quoi faire passer la production annuelle du pays de 1 million de tonnes à 3 millions de tonnes.
Le pays est par ailleurs actuellement engagé dans un processus délicat de restructuration de sa dette de 5,6 milliards de dollars avec les prêteurs chinois.
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