Le pays d’Afrique centrale voit sa situation financière se détériorer à quelques mois seulement d’une présidentielle censée le sortir du giron des États putschistes.
Alors que le gouvernement de transition dirigé par Brice Clotaire Oligui Nguema depuis le renversement d’Ali Bongo Ondimba en août 2023 tente de faire bonne figure, l’état des finances gabonaises révèle une réalité préoccupante : l’incapacité d’honorer ses engagements internationaux.
D’où la récente suspension des décaissements par la Banque mondiale, motivée selon Jeune Afrique (JA), par des arriérés de paiement estimés à 17 milliards de francs CFA à la date du 10 janvier 2025. Il s’agirait, d’après le ministère des Comptes publics, d’une « situation ponctuelle ».
Son origine ? « L’insuffisante mobilisation sur le marché international de ressources prévues dans la loi de finances », à en croire les termes d’un communiqué publié entre le 13 et le 14 janvier dernier. Les autorités promettent toutefois de continuer de respecter leurs engagements.
Elles rappellent que « l’État a effectué des paiements pour 1 210 milliards de F CFA au titre de la dette » fin novembre 2024, soit moins de deux mois. De quoi rassurer l’opinion sur la capacité des militaires au pouvoir à tenir les cordons de la bourse ?
De piètres performances de mobilisation financière
Elle constitue la partie émergée d’un iceberg de difficultés financières pour cet État parmi les pauvres du continent, malgré d’importantes ressources, dont le bois ou encore le pétrole pour n’en citer que deux.
En effet, le Gabon peine à convaincre les investisseurs sur les marchés financiers. De fait, les tentatives de levée de fonds en 2024 se sont soldées par des échecs. Comme l’indique Jeune Afrique, seuls 229 milliards ont été mobilisés sur les 730 milliards de francs CFA recherchés. Soit à peine un tiers de l’objectif affiché.
Une spirale d’endettement inquiétante dans un contexte tendu
Un contraste avec l’ambition du Plan national de développement de la transition (PNDT) de Brice Clotaire Oligui Nguema. Il prévoit des investissements colossaux de 2 200 milliards de francs CFA entre 2024-2026.
À cela s’ajoute, toujours selon JA, une augmentation de 12% de la masse salariale du secteur public et une hausse spectaculaire de 67% des investissements en 2024. La loi de finances 2025 perpétue cette tendance avec un budget total de 4 200 milliards de francs CFA, soulevant des inquiétudes légitimes quant à la soutenabilité de cette politique budgétaire décrite comme « expansionniste » par le FMI en mai dernier.
Entre-temps, les agences de notation – Moody’s et Fitch respectivement – ont dégradé la note du pays. Une perte de confiance qui pourrait s’aggraver si la situation des arriérés avec la Banque mondiale n’est pas rapidement résolue, estime Harvest Asset Management, société d’investissement basée à Douala au Cameroun, interrogée par JA.
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