Au Nigeria, la population a faim

Le pays le plus peuplé d’Afrique est en proie à une inflation qui fait s’envoler les prix des produits de première nécessité. Conséquence : difficile de nourrir plusieurs bouches à la fois et d’assurer en même temps la santé ou le logement.

La population nigériane en est désormais à choisir chaque jour lequel de ses besoins vitaux satisfaire. Face à la hausse généralisée des prix sur le marché, il faut se prémunir de toute dépense superflue. Priorité est donc donnée à l’alimentation dans bon nombre de foyers de la mégalopole de Lagos, la plus grande ville du pays, au détriment du logement ou même de la santé.

Ainsi, nombre de locataires ont dû abandonner leur logement pour réduire les charges. Quitte à emménager dans des locaux délabrés, à la merci des intempéries, comme c’est le cas depuis quelques mois d’Edith Obatuga, interrogée par l’AFP. La quadragénaire et ses six enfants se battent désormais chaque nuit contre les moustiques dans la vieille maison de sa mère que la famille a dû rejoindre expressément, faute de moyens. Il n’est même plus question d’aller à l’hôpital en cas de maladie et ainsi risquer de se faire facturer une lourde ordonnance.

Cherté de la vie

À l’instar de Mme Obatuga, plusieurs habitants de Lagos sont désormais contraints de reléguer la santé au rang de dépense de prestige. Selon l’économiste Tunde Leye, la part des revenus consacrée par les Nigérians à la nourriture est passée de 60% à 80% depuis le début du Coronavirus. Un réaménagement des priorités qui ne garantit toutefois pas des ratios alimentaires convenables. Preuve d’une hausse des coûts devenue critique. Car concernant la quasi-totalité produits alimentaires prisés des Nigérians. Du riz dont le prix a flambé de 15% en un an au haricot désormais plus coûteux de 60% au kilo. Pour certains ménages au revenu modeste, ces produits sont devenus simplement impossibles à acquérir.

La crise du Covid-19 en a rajouté au malheur des Nigérians, créant de nouveaux pauvres. Dans ce contexte, les enfants sont les plus exposés à la famine. D’autant qu’avant la pandémie et ses corollaires, ces couches vulnérables étaient en proie à la malnutrition dans un cas sur dix. Pour une population de plus de 200 millions d’habitants, l’étendue des dégâts est énorme. Surtout dans régions éloignées où l’activité champêtre est paralysée par l’insécurité.

Le gaspillage alimentaire, véritable fléau au Nigéria, en est également pour beaucoup dans la situation actuelle, selon Tunde Leye. Avec la corruption et les routes impraticables, le défi est grand pour les gouvernants.


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