Au Mali, la Charte de de la transition prévoit que l’élection présidentielle prochaine aura lieu courant 2022. Déjà trois noms se dégagent pour prendre le relais d’Ibrahim Boubacar Keita à la tête du pays. Il s’agit de Moussa Mara, Soumaïla Cissé et Aliou Diallo. Des poids lourds de la politique malienne avec des profils différents.
La Charte de transition malienne prévoit notamment que ni le président Bah N’Daw, ni le vice-président Colonel Assimi Goïta ne peuvent se présenter à l’élection présidentielle, qui devrait avoir lieu courant 2022. A ce stade, trois personnalités se trouvent au-dessus du lot parmi les présidentiables : Moussa Mara, Soumaïla Cissé et Aliou Diallo.
Moussa Mara, un jeune loup aux dents acérées
Moussa Mara, 45 ans, est le porte étendard de la jeune garde politique malienne. Cet expert-comptable est diplômé de l’école Supérieure d’Informatique et de Gestion de Paris (1991). Il débute sa carrière professionnelle à l’âge de 22 ans dans des cabinets avant de devenir membre du jury du diplôme d’expertise comptable de l’UEMOA et formateur agréé à l’Ecole Régionale de la Magistrature de l’OHADA et au CESAG de Dakar.
Moussa Mara rentre au gouvernement d’Oumar Tatam LY en 2013, au poste de ministre de l’urbanisme et de la politique de la ville. En avril 2014, il est nommé Premier ministre, alors qu’il n’a que 39 ans. Il quittera ce poste un an plus tard après la débâcle de l’armée malienne à Kidal, mais reste à ce jour le plus jeune chef de gouvernement malien.
Entré véritablement en politique en 2007, Moussa Mara devient Maire de la Commune IV du district de Bamako peu après. Sa gestion de cette mairie, axée sur la transparence et la responsabilisation de tous les acteurs locaux, fut saluée et appréciée par tous. En 2010, il créé son parti Yéléma et se présent à l´élection présidentielle de 2013.
Soumaïla Cissé, l’otage de retour
Le deuxième candidat est Soumaïla Cissé. Considéré comme le chef de file de l’opposition, il est une figure de la vie politique malienne depuis le début des années 90. Né le 20 décembre 1949 à Tombouctou, dans le nord du pays, Soumaïla Cissé a fait ses études universitaires à Dakar et en France, à Montpellier.
En 1977, il est ingénieur en informatique et en gestion et major de sa promotion de l’Institut des sciences informatiques de Montpellier. Après avoir travaillé pour plusieurs entreprises françaises – IBM, Thomson et Pechiney –, ce technicien retourne au Mali en 1984 et se lance en politique. En 1991, il créé avec des amis l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema) qui porte Alpha Oumar Konaré à la tête du pays. Soumaïla Cissé devient alors le Secrétaire général de la présidence. Il sera ensuite ministre des Finances (1993-2000), puis de l’Equipement, de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme (2000-2002).
A partir de 2002, « Soumi » se lance à l’assaut de la présidence de la République. D’abord sous les couleurs de l’Adema, puis sous celles du parti qu’il a créé en 2003, l’Union pour la République et la démocratie (URD). Il a été régulièrement élu battu, mais parvient à se faire élire député. Sa formation politique est considérée comme la deuxième plus importante du Mali après Rassemblement pour le Mali (RMP) du président sortant. Soumaïla Cissé a été kidnappé le 25 mars 2020 dans le nord du Mali alors qu’il était en campagne pour les élections législatives. Après plus de six mois de captivité, il a été libéré le 8 octobre par ses ravisseurs en même temps que l’otage française Sophie Pétronin. Durant sa détention, Soumaïla Cissé a été réélu au premier tour des législatives, le 29 mars.
Aliou Diallo, l’homme du consensus
Troisième élément du trio montant de la politique malienne, l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo. Né le 18 novembre 1959 à Kayes, cet entrepreneur dirigeait jusqu’en 2019 la mine malienne Wassoul’or mais a choisi à présent de se concentrer sur son autre société qui fait de l’exploration et l’exploitation d’hydrogène naturel Hydroma, qu’il a fondée en 2012. Aliou Diallo est diplômé de la Faculté des sciences économiques, juridiques et politiques de Tunis (D.E.U.G Option économie, 1979 à 1981) et de l’Université de Picardie en France (1982-1983). Ce milliardaire malien a aussi créé la Fondation Maliba pour venir en aide aux populations des zones occupées par les djihadistes.
Outre sa philanthropie et ses capacités managériales, Aliou Diallo est connu comme l’une des figures montantes de la politique malienne. Fondateur du parti ADP-Maliba, il a fini troisième à l’élection présidentielle de 2018 et a remporté en mars la législative à Kayes. Ce qui lui a permis de prendre la tête du groupe parlementaire Benso en juin dernier, avant que la 6e législature soit dissoute par le mouvement populaire qui réclamait la démission du président IBK.
Pour mettre la différence avec les autres hommes politiques, Aliou Diallo fait valoir son pragmatisme politique axé sur le consensus et le dialogue, ainsi qu’un programme axé sur l’économie et le social afin de lutter à la racine des maux du Mali : la pauvreté.
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