Corruption : bataille judiciaire entre le Nigeria et JP Morgan à Londres

Le pays d’Afrique de l’Ouest accuse la banque américaine d’avoir facilité des transactions provenant d’actes frauduleux au bénéfice d’un de ces anciens ministres. Coût de la réparation exigée : 1,7 milliard de dollars.

C’est un combat qui oppose deux mastodontes, quoique de nature différente. L’un est un pays, en l’occurrence le Nigeria, une des principales puissances économiques de l’Afrique. L’autre est une banque américaine, JP Morgan, la première structure du genre au monde. Les deux protagonistes s’affrontent depuis le mercredi 23 février au civil devant un tribunal londonien.

À l’origine, le champ pétrolier offshore nigérian OPL 245 décrit comme l’un des plus importants du continent en termes de ressources et objet d’un véritable micmac depuis sa découverte sous la présidence Sani Abacha. Détenus dans un premier temps par la société Malabu Oil dans laquelle l’ancien ministre du pétrole Dan Etete avait des parts, les droits d’exploitation du gisement ont été cédés plus tard au duo Shell et Eni contre 1,3 milliard de dollars.

Argent siphonné

Mais de ce pactole seulement 208 millions de dollars atteindront réellement les caisses du Nigeria. Le reste ayant été siphonné, aux dires d’Abuja, par Dan Etete. Des manœuvres frauduleuses qui n’auraient pas été possibles sans la participation de JP Morgan, selon l’État nigérian. Ce dernier accuse notamment la première banque d’investissement au monde d’avoir aidé l’ancien ministre à transférer 875 millions de dollars dans ses différents comptes et celui de ses affidés à l’étranger.

La banque new-yorkaise ne nie pas une telle action. Mais elle en rejette le caractère répréhensible, arguant que toutes les opérations effectuées par ses soins l’ont été après approbation des officiels nigérians de l’époque. JP Morgan affirme par ailleurs qu’elle n’avait aucun moyen de savoir que les fonds provenaient d’actes frauduleux.

Six semaines de procès

L’audience en cours à Londres fait suite au rejet en 2019 d’une première demande d’annulation de la procédure, introduite par JP Morgan. L’État nigérian représenté par Roger Masefield a indiqué à la barre que la banque américaine a fait preuve d’une « grossière négligence » en transférant des fonds versés par des majors pétrolières au bénéfice d’un pays sur un compte appartenant à un ancien ministre. « Les preuves sont accablantes », a-t-il notamment lancé, alléguant qu’une banque suisse et une autre libanaise avaient refusé d’effectuer ces paiements.

Le procès prévu pour durer six semaines doit s’achever le 7 avril. Avec un jugement attendu pendant plusieurs mois plus tard.


Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*