Les habitants des zones aurifères ont du mal à profiter des retombées de l’exploitation du précieux minerai. Les entreprises exploitantes évoquent une main-d’œuvre non qualifiée, ce que la population locale dément.
Kédougou a tout l’air d’un mendiant assis sur une mine de richesses. Dans cette ville du sud-est du Sénégal, les jeunes passent le plus clair de leur temps à la maison sans aucune activité génératrice de revenus. Le taux de chômage y dépasse les 25 %, soit 10 % supérieur à la moyenne nationale. Une situation d’autant plus paradoxale que cette région frontalière du Mali et de la Guinée abrite l’essentiel des réserves d’or du pays. Cette ressource a constitué à elle seule, 19 % de l’ensemble des exportations du Sénégal en 2019. Kédougou brille à travers l’activité aurifère. À tel point que des personnes des pays voisins viennent y mener diverses activités, allant de l’orpaillage clandestin à la prostitution. Une prospérité partagée donc, mais qui échappe pourtant aux premiers concernés. Même à ceux qui habitent à proximité des sites d’orpaillage.
À cet effet, des témoignages sur le manque d’emploi sont nombreux. À l’image de ce jeune, la vingtaine, qui dit avoir déjà postulé à plusieurs reprises pour des emplois auprès des sociétés minières, sans succès. Raison évoquée par ces dernières : son manque de diplôme.
Inadéquation entre l’offre et la demande
Mais le phénomène dépasse le cadre des non-diplômés. Puisque nombreux sont ces jeunes auréolés d’un master en diverse spécialité, laissés aujourd’hui sur le carreau. D’aucuns sont ainsi contraints de se mettre à l’auto-entrepreneuriat, las d’attendre un emploi qui n’arrive pas. Surtout lorsqu’ils représentent l’aîné de la famille, l’espoir de toute une lignée. Les emplois à pourvoir ne manquent pourtant pas dans les sociétés étrangères d’exploitation aurifère sur place.
Comment expliquer alors cette situation qui alimente bien des frustrations et de l’injustice chez les populations locales ? Les mises en cause plaident leur bonne foi, mettant en exergue le nombre d’employés locaux présents en leur sein. Ils sont ainsi plus de 600 parmi les 1 216 à travailler pour Petowal Mining Company (PMC). Dans cette firme australienne, seulement 9 % de la main-d’œuvre est expatriée. Le même constat ou presque est noté chez les autres entreprises minières présentes dans la région. Ces dernières parlent également de l’inadéquation entre les emplois et la main-d’œuvre disponible. Un argument battu en brèche par les jeunes diplômés qui pointent du doigt le caractère précaire des emplois créés.
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