Le pays d’Afrique centrale a entériné, mercredi 27 avril, l’utilisation de la cryptomonnaie comme seconde devise officielle avec le franc CFA. Une étape déjà franchie par le Salvador avec très peu de succès pour l’instant.
Peu de monde voyait cela venir. Mais la République centrafricaine (RCA) a franchi le pas en devenant, mercredi 27 avril, le premier État africain à faire du bitcoin sa monnaie officielle. La nouvelle annoncée par la présidence précise que la célèbre cryptomonnaie aura cours légal dans le pays, ancienne colonie française, au même titre que le franc CFA.
Cela suppose que le bitcoin sera accepté dans toutes les transactions. Ces dernières seront par ailleurs exonérées d’impôts chaque fois la cryptodevise y intervient. C’est sans doute une manière destinée à stimuler de la part de l’État l’usage de la monnaie virtuelle au sein de la population. Car l’Afrique a beau se découvrir une passion grandissante pour ces actifs numériques, la Centrafrique ne compte pas (encore) parmi ses places fortes sur le continent. Contrairement au Nigeria ou à l’Afrique du Sud par exemple.
Connexion russe
Comment expliquer alors cette décision qualifiée de « courageuse et visionnaire » par les autorités ? Difficile d’y répondre d’emblée. Mais des théories émergent d’ores et déjà à ce propos. Le spécialiste de l’Afrique centrale à l’Institut français des relations internationales (IFRI), Thierry Vircoulon, y voit ainsi, selon un témoignage à l’AFP, une connexion russe.
Le pays en proie à une rébellion armée depuis de nombreuses années a en effet sollicité – officieusement – les services de la force paramilitaire russe Wagner, surnommée l’armée de l’ombre de Poutine, pour défendre l’intégrité de son territoire. Avec la guerre russo-ukrainienne qui vaut à Moscou des sanctions internationales, des ressources en bitcoin pourraient constituer pour ces mercenaires un moyen sûr de se faire rétribuer.
Aventure incertaine
Quoi qu’il en soit, la RCA risque de se mettre à dos les institutions financières internationales toujours aussi réfractaires aux devises virtuelles. À l’image du FMI qui a clairement exprimé sa désapprobation au Salvador, premier pays au monde à avoir adopté le bitcoin comme devise officielle en septembre 2021. Une entreprise plutôt périlleuse pour l’instant, puisque la population du petit État d’Amérique centrale n’y adhère toujours pas.
La nouvelle monnaie est de fait assez mal accueillie par les Salvadoriens qui préfèrent le bon vieux dollar américain. Une situation due entre autres à son caractère volatile. La Centrafrique espère sans doute un meilleur sort dans cette aventure incertaine.
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