Le conglomérat du richissime homme d’affaires indien n’est pas le bienvenu au Kenya où il vient de sceller un certain nombre d’accords avec l’État.
Une « affaire Gautam Adani » en cours au Kenya ? Adani Group, la firme de l’homme d’affaires éponyme est, depuis quelques semaines, l’objet de vives protestations dans le pays d’Afrique de l’Est pour de récents contrats signés avec les autorités.
Cela concerne, selon les documents fuités dans la presse kenyane, la gestion concessionnaire du principal aéroport du pays, l’aéroport international Jomo Kenyatta (JKIA), pour une durée de 30 ans contre 1,85 milliard de dollars d’investissements de la part du conglomérat indien.
Ce dernier se verrait en outre accorder des avantages fiscaux et une prise de participation de 18% au sein de l’infrastructure aéroportuaire. De quoi susciter la colère de la population et de l’opposition. Ceux-ci dénoncent en effet un accord qui lèse le pays.
« C’est un accord terrible. Ils ont simplement signé et cédé la souveraineté du Kenya« , peste auprès de Bloomberg, Macharia Munene, professeur d’histoire et de relations internationales à la United States International University de Nairobi.
La justice s’en mêle
Les opposants à l’accord pointent l’investissement considéré comme trop « maigre » de la part d’Adani, ajoutant que l’État ne devrait pas, selon eux, concéder aussi longuement une infrastructure publique au moment où les pays voisins investissent massivement de leur côté.
« Depuis le début, le gouvernement a systématiquement cherché à cacher au public le contenu de l’accord Adani« , a par ailleurs dénoncé dans la presse locale, le gouverneur Anyang’ Nyong’o, leader de l’opposition. Car l’accord entre l’investisseur indien et l’État kenyan reste introuvable jusqu’ici, malgré les interpellations de l’opinion et du Sénat.
« Des projets similaires passés qui ont contourné des négociations transparentes et des mécanismes institutionnels formels jonchent notre histoire en tant que scandales majeurs« , affirme Anyang’ Nyong’o, faisant écho à la suspicion que nourrie une telle opacité.
Saisie par l’opposition, la justice a gelé temporairement le deal le temps d’y voir plus clair, tandis que les employés de l’aéroport, craignant pour leurs emplois, ont paralysé les installations lors d’une grève massive.
Un scandale aux ramifications internationales
Le scandale prend une dimension internationale alors que le groupe Adani, considéré comme proche du Premier ministre indien Narendra Modi, fait l’objet d’enquêtes pour blanchiment d’argent en Suisse et de soupçons de corruption aux États-Unis. Des accusations qu’il nie fermement.
Un autre partenariat lucratif pour l’entreprise, concernant cette fois-ci la construction de lignes de transmission d’électricité au Kenya pour une somme de 736 millions de dollars, est également décrié.
Face au tollé, le président William Ruto plaide la bonne foi, défendant un partenariat gagnant-gagnant. « Nous ne voulons pas accabler le peuple kényan avec des taxes supplémentaires ou de nouveaux emprunts alors que le secteur privé peut faire les choses de manière beaucoup plus efficace« , a-t-il indiqué, selon Bloomberg.
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