L’Afrique rêve d’ailleurs

Un nombre croissant d’Africains expriment le désir de s’établir hors de leur pays d’origine, selon une récente enquête.

Pour les Africains, partir semble devenir un besoin commun. L’Afrique, continent vanté à longueur de discours sur l’afro-optimisme est de moins en moins favorable pour ses fils et filles. Selon une nouvelle enquête de l’institut Gallup publiée le 31 octobre 2024, plus d’un tiers (37%) des Africains souhaitent s’établir définitivement à l’étranger.

Cela représente une hausse de huit points comparativement à 2012. Si cette augmentation reflète une tendance mondiale à l’émigration – 16% de la population adulte exprimait le désir de s’installer ailleurs en 2023, contre 12% il y a une décennie –, elle n’en reste pas un témoin d’une transformation profonde des aspirations sur le continent.

La région est en effet la seule des sept considérées à voir sa part d’aspirants à l’émigration progresser autant en dehors de la zone Amérique latine et des Caraïbes, passant de 18 à 28% durant le laps de temps concerné. Seule l’Europe a maintenu une tendance stable autour de 20%.

Pour comprendre les mécanismes qui sous-tendent les dynamiques de chaque région, Gallup s’est intéressé à certains pays de celle-ci.

L’Ouest africain, épicentre du désir d’ailleurs

Il en ressort s’agissant de l’Afrique, que c’est dans la zone ouest que le phénomène est le plus prégnant. Serait-ce parce qu’elle représente la région africaine la plus densément peuplée en termes de pays (16 sur 54) ? Difficile de trancher sur cette question.

Toujours est-il que la Gambie, le Libéria, la Sierra Leone, le Ghana et le Nigeria figurent parmi les six nations de cette partie du continent africain où plus de la moitié de la population rêve de nouveaux horizons. Le cas de la dernière cité étant particulièrement intéressant.

L’enquête de Gallup mentionne à cet effet, une tendance révélatrice de ce désir de partir chez les Nigérians, dont beaucoup se résout à prendre le large avec leurs proches en qualité d’accompagnateurs.

Entre 2018 et 2022, le nombre de personnes accompagnant les étudiants nigérians au Royaume-Uni – l’une des principales destinations d’émigration du pays – est ainsi passé de 1 000 à plus de 60 000, selon les chiffres de l’étude.

Une géographie contrastée des aspirations

La conséquence de cette situation présente des situations presque cocasses sinon préoccupantes, où le Nigeria se révèle être le troisième plus grand pourvoyeur d’infirmiers étrangers dans les hôpitaux britanniques, juste derrière l’Inde et les Philippines.

Pour autant, cette vague migratoire ne touche pas uniformément le continent. Si certains pays comme la Zambie, Maurice, l’Éthiopie et le Sénégal connaissent une augmentation du désir d’émigration, d’autres comme le Gabon, le Burkina Faso et les Comores observent une tendance inverse.

Une disparité sans doute impulsée par les réalités de chaque nation concernée. Gallup nuance cependant le phénomène. « Le pourcentage de personnes dans le monde qui ont des projets concrets de départ est bien inférieur au pourcentage de ceux qui aimeraient partir« , précise l’organisation américaine.


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