Le président sortant de la Commission de l’Union africaine s’émeut de la situation d’immobilisme ambiant au sein de l’institution panafricaine. Un coup d’épée dans l’eau.
C’est une missive en date du 30 septembre 2024 jamais révélée auparavant et dont Jeune Afrique (JA) a fait cas, il y a quelques jours, dans un récent article. Son auteur ? Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA).
L’ancien responsable politique tchadien y évoque les nombreux dysfonctionnements constatés au sein de l’institution au cours des huit dernières années, soit le temps de ses deux mandats. Le document de trois pages, adressé aux chefs d’État, symbolise les frustrations accumulées par un homme, qui doit passer la main dans quelques seulement.
Un véritable aveu d’impuissance de la part de celui qui fut élu en 2017 avec l’espoir d’influer positivement sur les foyers de conflits en Afrique. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Organe panafricain, un outil phare dans le cadre de cet objectif, en prend pour son grade.
Une institution paralysée
Faki Mahamat fait le constat d’une instance cantonnée aux « décisions et aux communiqués » sans réelle incidence sur le terrain.
Une telle situation relève ni plus ni moins d’après le futur ex-patron de la Commission de l’UA, d’une violation des « textes de base de l’Union ». Avec la multiplication ces dernières des putschs, notamment en Afrique de l’Ouest, l’ancien chef de la diplomatie tchadienne interroge sur le poids du CPS, censé célébrer prochainement son vingtième anniversaire.
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), l’un des instruments conçus à cette fin, souffrirait selon Faki Mahamat dont les termes sont rapportés par JA, de « la conception de partenariats stratégiques conduits sans aucun rôle significatif de l’UA, marginalisée devant la bilatéralisation des intérêts en jeu ».
Le revers d’un poste sans substance
« Comment faire revivre le panafricanisme et l’ardente obligation d’entraide et de soutiens mutuels entre nous ?», se demande-t-il, évoquant l’inaction du continent « face à l’expansion ravageuse du terrorisme ou les dévastations causées par des phénomènes naturels ».
La problématique du financement de l’UA, nœud gordien de l’institution, est également mentionnée. L’ancien ministre d’Idriss Déby Itno pointe notamment une dépendance à l’extérieur « insoutenable » et restrictive de « toute velléité, si peu ambitieuse soit-elle ».
Alors que la course à sa succession bat son plein, avec des candidats comme Raila Odinga et Mahamoud Ali Youssouf en lice, cette lettre résonne comme un avertissement à l’UA à se réinventer. Elle reflète surtout les faiblesses du poste de président de la Commission, dont l’agenda et le pouvoir dépendent exclusivement de la volonté des chefs d’État et de gouvernement.
L’initiative de Moussa Faki Mahamat ne semble cependant pas emballer grand-monde au sein de l’Union africaine. Pour cause, le cadre proposé par l’auteur afin d’échanger sur les différents sujets n’a jamais eu lieu, à en croire Jeune Afrique.
Poster un Commentaire