Société générale en Afrique, une coquille vide ?

Alors qu’elle vient de se débarrasser de sa filiale marocaine, la plus importante en Afrique, son avenir sur le continent interroge.

Qu’en est sera-t-il de Société générale désormais ? La question mérite d’être posée alors que le géant bancaire français quitte le Maroc. Après des mois de tractations, la structure dirigée par Slawomir Krupa cède ses activités sur place au groupe Saham.

Une opération à plus de 700 millions d’euros conclue par le conglomérat marocain consécutive à un désengagement du continent amorcé au printemps 2023 et concernant ses filiales au Congo, au Tchad, au Mozambique et à Madagascar.

En attendant d’autres cessions au Bénin, au Togo, en Guinée équatoriale, au Burkina Faso, en Mauritanie et au Cameroun. Quant à la Tunisie, le groupe indique selon Jeune Afrique (JA), qu’une décision définitive (cession ou maintien) serait prise « dans les prochains mois ».

Le poids tentaculaire du Maroc

Des départs qui contrastent avec le discours tenu il y a seulement deux ans, en mars 2023, par le président du conseil d’administration, Lorenzo Bini Smaghi, qui se félicitait notamment du programme « Grow with Africa » et des développements de la banque sur le continent.

Pour autant, aucune de ses filiales africaines n’avait autant d’importance que celle marocaine. Avec un produit net bancaire de 484 millions d’euros en 2023, la filiale marocaine représentait à elle seule près du quart des revenus africains du groupe, d’après les chiffres de JA.

Sa contribution financière surpassait largement celle de la Côte d’Ivoire (363 millions), deuxième marché en importance. De fait, la part de l’Afrique dans les revenus du groupe est désormais passée de 8% en 2023 (soit 2 milliards d’euros) à seulement 5% en 2024 (1,4 milliard d’euros).

Un repli irréversible ?

Les actifs africains de Société générale ont chuté de 30,8 milliards d’euros à 19,1 milliards d’euros sur la même période. Cette diminution drastique n’a cependant pas empêché la banque d’afficher des résultats financiers solides, avec des revenus annuels en hausse de 6,7% et une rentabilité (ROTE) de 6,9%.

« Ces sorties d’Afrique contribuent à renforcer la solvabilité du groupe en réduisant la base de RWA [actifs à risques pondérés], et en compensant partiellement les répercussions réglementaires attendues avec l’entrée en vigueur de Bâle IV (visant à renforcer la stabilité et la transparence du système financier mondial) », explique à Jeune Afrique, Sixte de Monteynard, directeur associé sur les institutions financières chez Fitch Ratings.

Il confirme que « le Maroc représentait la plus importante des dernières entités de Société générale en Afrique » et s’attend à une poursuite de ce mouvement de reflux. « Conserver de petites entités sur le continent n’aurait pas beaucoup de sens« , estime ce spécialiste, toujours dans les colonnes de JA.


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