Sidi Ould Tah prend les rênes de la Banque africaine de développement

Le Mauritanien, élu avec 76% des voix, veut marcher dans les pas de son prédécesseur malgré un bilan en demi-teinte.

Et le gagnant est Sidi Ould Tah. L’ancien ministre mauritanien a remporté haut la main la présidence de la la Banque africaine de développement (BAD), jeudi 29 mai, dans le cadre d’un processus relativement court de seulement trois tours.

Crédité de 76,18 % des voix au score final, cet homme de 60 ans rompu aux coulisses des arcanes du pouvoir de son pays supplante ses quatre adversaires, dont notamment le Zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et le Sénégalais Amadou Hott (3,55 %).

Le fruit d’un lobbying actif très intense de la part de son pays, sachant qu’il s’était déclaré candidat à la veille du dépôt des candidatures. Ould Tah bénéficiait notamment du soutien de l’Afrique du nord où figurent notamment deux des principaux pays – l’Algérie et le Maroc – « faiseurs de roi ».

Il succède au Nigerian Akinwumi Adesina arrivé en fin de mandat avec la promesse de poursuivre l’œuvre de celui-ci à travers cinq piliers, dont l’électrificiation, la sécurité alimentaire, l’industrialisation, l’intégration et l’amélioration de la qualité de vie des habitants du continent.

Au-delà des effets d’annonce

Le défi est colossal, car si ce programme baptisé « High 5 » ciblent particulièrement bien les différents maux qui minent l’Afrique, « l’impact pour les bénéficiaires est généralement très optimiste et souvent fait au doigt mouillé » ces dix dernières années, d’après les confidences d’un bailleur de fonds présent sur le continent à Jeune Afrique (JA).

C’est dire que le nouveau patron de la BAD devra dépasser les effets d’annonce pour véritablement impacter les populations de par ses actions. En effet demeure problématique sur un continent encore trop dépendant des importations alimentaires.

À ce jour, environ 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité malgré 12,74 milliards de dollars investis à cet effet par l’institution panafricaine entre 2016 et 2024, à en croire le bilan dressé par Adesina.

Mobiliser les capitaux privés

La Banque devra également accroître ses financements de projets d’infrastructures destinés à faciliter l’intégration entre pays africains, alors que moins de 17 % des échanges commerciaux sont intra-africains, contre 50 % entre les pays d’Asie.

Sidi Ould Tah propose ainsi une approche audacieuse axée sur la mobilisation de capitaux privés. Un enjeu d’autant plus crucial que la Banque africaine de développement risque de perdre la contribution américaine.

Le président des États-Unis, Donald Trump, prévoit en effet de supprimer la contribution de 555 millions de dollars de son pays au Fonds africain de développement (FAD), le guichet de prêts à taux concessionnels de la BAD, dans le cadre de son agenda de « l’Amérique d’abord ».


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