L’influence africaine de l’Iran en péril ?

La République islamique actuellement pilonnée par Israël pourrait y perdre bien plus que sa capacité militaire : son influence sur un continent africain où elle a patiemment tissé sa toile ces dernières années.

Le 16 juin dernier, l’Union africaine (UA) faisait part de sa vive préoccupation face à la reprise des combats entre Israël et l’Iran, exhortant toutes les parties à la retenue afin de préserver la paix. Une position équidistante qui pourrait laisser penser que l’Afrique n’a aucun intérêt dans ce conflit au Proche-Orient.

Mais la réalité est toute autre. Le vote du 12 juin à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) – soit la veille du début des hostilités – révèle les divisions africaines. Cette résolution condamnant l’Iran pour « non-respect » de ses obligations nucléaires a mis au jour les intérêts divergents du continent dans cette guerre.

Comme le rapporte Jeune Afrique (JA), si des pays comme l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Ghana et l’Égypte se sont abstenus, le Burkina Faso s’est joint à la Russie et à la Chine pour voter contre cette résolution, témoignant d’un alignement assumé sur Téhéran.

Cette prise de position burkinabè reflète le rapprochement accéléré avec l’Iran depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire d’Ibrahim Traoré en 2022. Plusieurs officiels iraniens ont depuis fait le déplacement à Ouagadougou pour négocier des accords de coopération.

L’expertise du nucléaire au cœur des convoitises

Au cœur de cette coopération figure le nucléaire civil, dont l’Afrique a toujours défendu le droit de développement pour Téhéran. Ce que le régime iranien a toujours revendiqué, tout en faisant discrètement prospérer ses capacités militaires dans le domaine.

Selon Le Monde, la quantité d’uranium détenue (400 kilos) et le niveau d’enrichissement atteint (60%) par la République islamique ne visent qu’un objectif militaire.

L’expertise nucléaire iranienne pourrait séduire de nombreux pays africains soucieux, plus que jamais, de diversifier leurs partenariats étrangers dans un contexte de rétrécissement de l’influence des anciens colonisateurs sur le continent.

L’Iran, quatrième producteur mondial de pétrole en 2023 selon l’OPEP, a vu cette rente énergétique considérablement affaiblie par les sanctions américaines successives. D’où son pivot vers d’autres domaines de coopération.

Des partenariats militaires menacés

Les drones iraniens interviennent ainsi dans la guerre au Soudan, d’après de nombreux rapports d’organisations telles que Human Rights Watch et Amnesty International.

Les « services liés aux drones » sont également au cœur d’un partenariat annoncé en 2023 par l’ancien président iranien Ebrahim Raïssi avec des pays comme le Zimbabwe, le Kenya ou l’Ouganda.

Alors qu’Israël – désormais appuyé militairement par les États-Unis – a fait de la destruction du programme nucléaire iranien une question existentielle, ce sont tous les outils du soft power de Téhéran qui se trouvent menacés, notamment en Afrique.


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