China Earth Group : symbole du monopole chinois sur les aimants permanents

Des pelleteuses dans une mine à ciel ouvert.

 

Les aimants permanents à base de terres rares font l’objet d’une compétition économique mondiale depuis plusieurs années. Mais la Chine s’impose largement dans cette course avec 80% de la production. Grâce à la création du géant minier China Rare Earth Group, en décembre 2021, l’empire du milieu signale sans doute sa volonté de s’accaparer tout le marché dans une poignée d’années.

Les aimants permanents sont des produits industriels composés à 30% de terres rares, ce groupe de 17 métaux (lanthane, cérium, praséodyme, néodyme, dysprosium, yttrium, scandium) aux propriétés physiques exceptionnelles. Ces métaux entrent dans la fabrication de multiples appareils, dont les téléphones, les lentilles magnétiques, les générateurs électriques, les systèmes radars, les éoliennes ou encore les panneaux solaires.

La domination chinoise s’effrite

La fabrication des aimants permanents représentaient 23 % des usages de ces terres rares en 2018. Depuis les années 2000, la Chine est le principal producteur de ces métaux au monde. Au début du millénaire, elle représentait jusqu’à 90% de la production. Mais cette part a fondu pour descendre à moins de 70% ces dernières années.

Pour ce qui concerne les aimants permanents, l’empire du milieu assure 80% de l’approvisionnement mondial. Pour renforcer son poids sur ces deux industries, Pékin a jugé utile de créer en décembre 2021 un mastodonte des terres rares. Baptisée China Rare Earth Group, cette méga-entreprise est née de la fusion des principaux fournisseurs du sud du pays.

Une industrie qui nécessite de gros financements

A sa création, elle a reçu pour mission de stabiliser la production nationale et de consolider la domination chinoise. La Chine assure actuellement 80 et 90% des approvisionnements de l’Europe et des Etats Unis, qui tentent de se défaire de cette dépendance. Le conglomérat fondé et géré directement par Pékin doit aussi permettre une valorisation des prix, jusqu’ici-bas de gamme à cause de la féroce concurrence entre acteurs nationaux. Cet assainissement du milieu signifiera forcément de meilleurs revenus pour l’Etat et donc une plus grande capacité à financer son industrie.

Or, les procédés utilisés pour l’extraction des minerais bruts nécessitent de gros financements (de l’ordre du milliard d’euros). Jusqu’ici la Chine a su se distinguer des autres pays par ses financements massifs, ainsi que son vaste réseau de raffinage de produits bruts. On s’attend donc dans les mois à venir à voir le géant asiatique augmenter son soutien aux entreprises chinoises. Ce qui permettra d’augmenter la production et donc d’alimenter l’industrie des aimants permanents. L’empire du milieu devrait y travailler avec acharnement d’autant qu’en 2025 sa demande en terres rares pour la fabrication d’aimants permanents pourrait dépasser de 9000 tonnes sa production totale actuelle (170 000 tonnes).

La Chine a les manettes de la transition énergétique

Cette hausse de la demande repose sur la multiplication des appareils électroniques et mobiles, ainsi que l’émergence des énergies renouvelables, grandes consommatrices d’aimants permanents. Depuis quelques années, le monde est engagé dans une transition énergétique majeure. L’Europe se trouve en tête de ce mouvement avec ses nombreux projets dans l’éolien et le solaire. En tant que principale productrice de matières premières, la Chine dispose ainsi d’une puissante arme géopolitique avec laquelle elle pourrait influencer les futures négociations commerciales.


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