L’Afrique face à la bombe à retardement de la Gen Z

Le manque de perspectives professionnelles attise la frustration d’une jeunesse sous-exploitée dont la colère déferle d’ores et déjà aux quatre coins du continent africain et même au-delà, selon la Banque mondiale.

« Il n’est pas évident que le statu quo perdure« . Pour Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, la situation de sous-employabilité de la jeunesse africaine ne saurait continuer alors que la colère des principaux concernés grandit.

Le responsable de l’institution de Bretton Woods qui s’exprimait le 7 octobre dernier en marge de la publication de l’évaluation semestrielle de la Banque mondiale sur l’Afrique subsaharienne, s’appuie sur un constat peu enchanteur.

Selon le rapport, entre 2025 et 2050, la population en âge de travailler devrait augmenter de plus de 600 millions de personnes en Afrique, soit plus des trois quarts de la croissance des marchés émergents mondiaux. Mais dans le même temps, l’économie peine à se transformer pour absorber ce boom démographique.

Par ailleurs, la majorité des jeunes entrants sur le marché du travail africain se retrouvent dans l’emploi informel, précaire et à faible productivité. Seuls 24% des personnes en emploi reçoivent un salaire, contre près de la moitié dans les pays à revenu élevé.

De Madagascar au Kenya, la rue comme exutoire

« Les conséquences de ne pas résoudre ces problèmes sont difficiles à envisager. Elles seront certainement très perturbatrices et nous commençons à en voir les signes« , déclare Andrew Dabalen en référence aux multiples protestations de jeunes à travers le continent.

De Rabat au Maroc en passant par Nairobi au Kenya, sans oublier Antananarivo à Madagascar, des milliers de jeunes déferlent dans les rues depuis plusieurs semaines, remontés contre les élites au pouvoir.

L’Afrique voit ainsi émerger une génération – la Gen Z – qui, tout en étant consciente des dangers liés à l’instabilité politique, refuse l’immobilisme. Son mot d’ordre résonne comme une urgence à créer des perspectives et à briser le cercle vicieux d’une jeunesse sous-exploitée.

Un changement structurel indispensable

Contrairement aux apparences, ces jeunes manifestants qui ont depuis  obtenu le départ du président malgache Andry Rajoelina, « n’essaient pas de détruire leurs pays », précise l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, mais expriment plutôt « une forte demande pour une meilleure gouvernance ».

Face à ce défi colossal, la Banque mondiale appelle à une transformation en profondeur des économies africaines. La création d’emplois de qualité nécessite un « changement structurel » vers de plus grandes entreprises capables de stimuler la croissance de la productivité, en investissant massivement dans la formation de la main-d’œuvre pour qu’elle puisse exploiter les nouvelles technologies, y compris l’intelligence artificielle.

L’encouragement de l’investissement privé constitue également un levier essentiel, l’institution soulignant que chaque emploi créé dans le tourisme génère 1,5 emploi supplémentaire dans les secteurs connexes.


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