Luanda a formulé une proposition pour prendre le contrôle du diamantaire, espérant ainsi s’imposer face au Botswana, actuellement détenteur d’une part minoritaire et également intéressé.
D’après les révélations du 24 octobre de Reuters, la société publique Endiama, représentant l’Angola, a transmis une offre concrète à Anglo American pour reprendre la majorité de sa participation au sein de l’entreprise diamantaire.
« Nous avons soumis une proposition concrète et bien définie« , a confirmé José Manuel Ganga Jr, le PDG de l’entreprise, qui explore conjointement des gisements de diamants en Angola avec le diamantaire ciblé, lors d’une sortie dans la presse, sans plus de détails.
Cette offensive pose les jalons d’un affrontement régional inédit autour de la plus célèbre société diamantifère de la planète. En effet, le Botswana, actuellement détenteur de 15% des parts de De Beers, s’est également positionné comme acquéreur potentiel.
Il s’agit pour le petit pays d’Afrique australe d’une question de souveraineté nationale. L’entreprise qui contribue à 70% de sa production annuelle de diamants bruts, est décrite comme un actif stratégique.
Bouleversement du marché
Le ministre de l’Énergie et des Mines, s’exprimant cet été, a d’ailleurs rappelé que la prise de contrôle intégrale constituait un objectif prioritaire. Ce duel à distance intervient alors que De Beers traverse actuellement une période de turbulence marquée par la chute des prix du diamant sur les marchés internationaux.
À l’origine de cette situation, figure l’explosion des diamants de laboratoire marqués par un savoir-faire de plus en plus poussé. À tel point que certaines des pierres les plus raffinées sont difficiles à distinguer de leurs homologues naturelles.
Anglo American a ainsi enregistré plus de trois milliards de dollars de dépréciations au cours des deux dernières années selon Reuters. Outre l’Angola et le Botswana, six autres acquéreurs potentiels sont dans les rangs pour la société dont la valorisation est estimée autour de 4,9 milliards de dollars, d’après la même source.
Un moment décisif pour l’Afrique
Cette confrontation entre les deux pays voisins symbolise également l’émergence d’une Afrique plus déterminée à prendre en main l’exploitation et la valorisation de ses ressources naturelles, dans un contexte de remise en cause des relations avec l’Occident.
Pendant des décennies, l’extraction des diamants sur le continent a principalement profité à des entreprises étrangères, les nations productrices ne récoltant qu’une fraction de la valeur générée. L’acquisition de De Beers par un acteur africain pourrait donc marquer le début d’un rééquilibrage significatif.
Alors que les négociations se poursuivent, plusieurs questions demeurent en suspens : l’Angola dispose-t-il véritablement des ressources financières nécessaires pour concrétiser cette acquisition ? Comment réagira le Botswana face à cette offensive angolaise sur un partenaire historique ? Comment cette acquisition affecterait-elle les cours mondiaux du diamant ?

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