La France prévoit de réduire l’enveloppe consacrée aux pays en développement dans les Objectifs de Développement Durable de l’ONU. Une décision inquiétante pour l’Agence Française de Développement, un des bras financiers de cette politique.
Dans un contexte de tensions budgétaires croissantes, la France se trouve, sous la houlette du nouveau Premier ministre Michel Barnier, contrainte de procéder à des coupes à divers degrés. L’un des contributeurs de cet « effort collectif » se révèle être l’aide publique au développement.
Comme en témoigne le projet de loi de finances présenté le 10 octobre dernier, le budget prévu dans le cadre de cette contribution destinée aux pays en développement pour la réduction des inégalités, subit une réduction significative de 1,3 milliard d’euros.
Cela représente un recul important dans l’engagement de la France envers les nations les plus vulnérables. D’autant que l’objectif de réalisation d’économies supplémentaires de 641 millions d’euros vient s’y ajouter, portant la baisse totale à environ 34% sur un an.
De quoi interpeller l’Agence française de développement (AFD), institution centrale dans la politique de coopération de Paris vis-à-vis des pays dits pauvres et principal opérateur de l’aide française au développement. Son directeur général, Rémy Rioux, a ainsi sonné l’alarme, mercredi 6 novembre, en marge d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
Une contribution très insuffisante à l’origine
« À un tel niveau, il ne s’agit pas d’une légère contraction. L’action de développement n’est pas un simple supplément d’âme. C’est une condition de notre prospérité. C’est une condition de notre sécurité. Elle prépare, elle complète, elle approfondit l’action diplomatique », a-t-il défendu dans des propos rapportés par Jeune Afrique (JA).
Cette situation est d’autant plus critique pour la mission de l’AFD que son budget annuel ne représente en réalité qu’une goutte d’eau dans l’océan de ces ressources globales.
Car comme l’explique son patron à JA, les deux milliards d’euros de dotations prévues pour 2025 devront être démultipliés grâce à des emprunts sur les marchés et des cofinancements d’institutions partenaires comme la Banque mondiale afin d’atteindre les 25 milliards d’euros annuels de financements.
Une trajectoire inquiétante et périlleuse
« Pour un euro du contribuable, finalement, c’est 12 euros qui sont in fine investis par la capacité bancaire », a ajouté Rémy Rioux, alors que les conséquences de ce recul annoncé des interventions françaises dans le monde via l’Agence sont multifactorielles.
Dans un contexte marqué par une forte défiance des pays africains – le continent est le plus grand bénéficiaire des projets de l’AFD – vis-à-vis de Paris, l’ancienne puissance coloniale, cela pourrait accélérer « l’effacement » de la France sur place.
Reste que l’aide au développement parfois perçue comme un prolongement de la mission colonisatrice de la grande métropole dans ses anciennes colonies fait également l’objet de critiques croissantes.
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