
La plateforme d’échange de cryptomonnaies est accusée de nombreux délits et crimes par le géant d’Afrique de l’Ouest. Le dernier développement d’une vieille brouille.
81,5 milliards de dollars. Telle est la somme pour le moins astronomique que Binance devra payer au Nigeria dans le cadre de dommages et intérêts suite à certaines violations des législations locales, d’après des dossiers judiciaires consultés par Reuters.
Le pays ouest-africain y accuse notamment le leader mondial d’échange de cryptomonnaies – la plus célèbre des monnaies virtuelles – de n’avoir pas payé l’impôt correspondant à sa présence jugée pourtant significative par le service dit des revenus intérieurs.
Ce préjudice est estimé à deux milliards de dollars avec des pénalités de 10% par an et des intérêts de 26,75% sur les impayés. Les 79,5 milliards de dollars restants correspondent aux pertes économiques prétendument causées par la firme en déstabilisant le naira, la monnaie nigériane.
Il s’agit à cet effet, d’une vieille rengaine de la part de la première économie d’Afrique vis-à-vis du mastodonte des cryptoactifs. Celui-ci est ainsi pointé du doigt pour avoir facilité la spéculation sur la devise locale, dont le cours a beaucoup fluctué l’année dernière sur fond de crise économique majeure.
Un vieux bras de fer
De quoi faire de Binance un refuge privilégié pour la spéculation et contre l’inflation ainsi que la dépréciation du naira. D’autant que les cryptomonnaies sont immensément populaires dans ce pays à plus de 200 millions d’habitants.
Le nombre d’utilisateurs est ainsi projeté à 25,86 millions cette année pour un taux de pénétration de 11,02%, à en croire la plateforme d’infos statistiques dénommée Statista. La même source évoque un chiffre d’affaires de 1,6 milliard de dollars toujours pour cette année 2025.
Les présentes réclamations auxquelles Binance n’a pas pour l’heure, officiellement réagi, représentent le prolongement d’un bras de fer il y a plusieurs mois par les deux parties.
Le spécialiste des échanges cryptos faisant notamment l’objet de quatre chefs d’accusation pour évasion fiscale de 34 millions de dollars, incluant le non-paiement de la TVA et la complicité présumée dans l’évasion fiscale de ses clients.
Des tensions exacerbées
Cette situation avait conduit à des tensions exacerbées, avec l’arrestation au Nigeria courant 2024, de deux cadres de Binance, dont l’un – Nadeem Anjarwalla – s’était évadé quelques moments après dans des circonstances demeurées floues.
L’autre, en l’occurrence Tigran Gambaryan, est resté en détention durant plus de huit mois, suscitant de multiples appels à sa libération, dont celui de l’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, en marge de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, en septembre.
Ce citoyen américain sera libéré quelques semaines plus tard après d’intenses tractations diplomatiques. Alors que le Nigeria met en avant une offensive anti-Binance destinée à réguler le secteur des monnaies numériques, les observateurs restent peu convaincus.
Il s’agirait selon ceux-ci, d’actions destinées à faire de la plateforme un bouc émissaire face aux difficultés économiques croissantes du pays.
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