Le Botswana à l’agonie

Le pays longtemps considéré comme le joyau économique de l’Afrique subsaharienne, traverse une période d’incertitude majeure due à la désaffection des consommateurs pour les diamants naturels, sa principale source de revenus d’exportation.

Files d’attente interminables devant les cliniques gouvernementales, menace de boycott des cours de la part d’étudiants déçus de ne pas obtenir leurs allocations… Le tableau du contexte social dépeint par Bloomberg à propos du Botswana est des plus inquiétants pour cette population d’à peine 2,5 millions d’habitants.

À tel point que le gouvernement a déclaré le 25 août dernier un état d’urgence de santé publique due à une grave pénurie de médicaments essentiels. Selon les déclarations du président Duma Boko, gérer les pénuries serait « hautement sensible au prix en raison de nos coffres limités ».

« La situation est très grave« , confie à Bloomberg Galeemiswe Mosheti, chauffeur de taxi diabétique de 42 ans contraint d’attendre de longues heures à la clinique pour espérer récupérer ses médicaments. Ce qu’il faisait en une heure seulement l’année dernière.

À l’origine de cette situation qui menace les fondements mêmes du pays, figure un contexte économique précaire dû à l’épuisement des ressources publiques. Celles-ci se retrouvent asséchées par le bouleversement du marché du diamant, la principale richesse botswanaise.

L’explosion des pierres synthétiques

Les diamants naturels ne font plus recette face à leurs homologues synthétiques qui peuvent être produits en quelques semaines ou mois seulement, 60% à 80% moins chers.

À cela s’ajoutent les préoccupations éthiques et environnementales croissantes des consommateurs, particulièrement des jeunes générations, qui s’interrogent sur l’impact social et écologique de l’extraction minière traditionnelle.

Ainsi, les gemmes de laboratoire représentaient près de la moitié des achats de bagues de fiançailles aux États-Unis l’année dernière – contre seulement 5% en 2019 – selon l’assureur de bijoux BriteCo Inc. cité par Bloomberg.

Comme le déclare amèrement Boko, « pendant des décennies, nous nous sommes appuyés et avons compté massivement sur les diamants. Bien qu’ils nous aient bien servis, nous savons douloureusement aujourd’hui que ce modèle a atteint ses limites. Ce n’est plus seulement un défi économique ; c’est une menace existentielle nationale et sociale« .

Une véritable descente aux enfers

Face à la chute des revenus diamantaires – représentant 80% des exportations du pays et un tiers des revenus gouvernementaux –, le gouvernement a été contraint de recourir massivement à l’endettement pour maintenir ses dépenses publiques et honorer ses engagements budgétaires.

De quoi faire exploser l’ardoise. Le Fonds monétaire international prévoit ainsi que le déficit budgétaire du Botswana grimpera à 11% du PIB en 2025, soit le plus important écart budgétaire depuis la crise financière mondiale de 2009 et le plus élevé d’Afrique subsaharienne cette année.

Le secteur privé n’est pas épargné, avec des suppressions d’emplois dans l’industrie minière et ses secteurs connexes. Les communautés locales, particulièrement celles situées près des mines, voient également leurs perspectives économiques s’assombrir considérablement.

Duma Boko, premier membre de l’opposition élu président depuis l’indépendance du Botswana en 1966, avait promis à son arrivée au pouvoir, sortir le pays de sa dépendance aux diamants. Autant dire que la tâche s’annonce ardue.


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