Le pays du Golfe souhaite dynamiser ce secteur en plein essor sur un continent où le potentiel reste encore largement à exploiter.
Les Émirats arabes unis ont dévoilé samedi 22 novembre, en marge du sommet du G20 organisé dans la ville sud-africaine de Johannesburg, une initiative d’un milliard de dollars visant à déployer l’intelligence artificielle à l’échelle du continent africain.
Ce programme, baptisé AI for Development Initiative, doit offrir aux États africains un meilleur accès à la puissance de calcul, à l’expertise en IA et à des partenariats internationaux, tout en soutenant des projets dans l’éducation, l’agriculture, la santé, l’identité numérique et l’adaptation au climat.
L’initiative ambitionne plus largement de densifier les infrastructures numériques, de moderniser les services publics et de doper la productivité économique du continent. « Nous considérons l’IA non seulement comme une industrie d’avenir, mais comme une pierre angulaire pour le futur de l’humanité », a déclaré le ministre d’État émirati Saeed Bin Mubarak Al Hajeri, cité par l’agence Reuters.
Lors du sommet, le ministre sud-africain Ronald Lamola a insisté sur la nécessité pour l’Afrique de ne pas rester un simple marché consommateur d’outils d’intelligence artificielle, mais de s’inscrire pleinement dans la chaîne de valeur de cette technologie.
Des investissements concrets déjà en cours
Des investissements concrets sont déjà engagés, notamment la construction de centres de données à travers le continent. Au Kenya, par exemple, un projet innovant associe data center et production d’énergie thermique renouvelable.
« Vous disposez ainsi d’un centre de données qui permet les investissements en IA tout en utilisant des énergies renouvelables. Nous combinons les deux objectifs et élevons la technologie et l’évolution de l’IA dans un acteur majeur comme le Kenya« , a expliqué le ministre émirati de l’Économie, Abdulla bin Touq Al Marri, dans un entretien à la chaîne Newzroom Afrika.
Les Émirats, qui se présentent déjà comme l’un des principaux investisseurs en Afrique avec des échanges bilatéraux estimés à environ 107 milliards de dollars en 2024, en hausse de 28% sur un an, veulent ainsi contribuer à réduire le fossé entre pays du Nord et du Sud en matière de capacités en intelligence artificielle.
Les Émirats, deuxième puissance mondiale de l’IA
Cette initiative s’appuie sur la place désormais centrale qu’occupe Abou Dhabi dans l’écosystème mondial de l’IA. D’après une étude de la plateforme TRG Datacenters publiée en 2025, les EAU se hissent au deuxième rang mondial en termes de capacités, avec plus de 188 000 puces d’IA et 23,1 millions d’unités de puissance de calcul équivalent H100.
L’avance s’est renforcée après le feu vert donné le 19 novembre par le département américain du Commerce, autorisant l’entreprise émiratie G42 à acquérir jusqu’à 35 000 puces d’IA avancées auprès de Nvidia.
Rachel Ziemba, fondatrice du cabinet Ziemba Insights, souligne que l’Afrique occupe une place stratégique dans la vision des EAU, à la croisée de l’énergie, des ressources naturelles et des usages de l’IA, tout en avertissant qu’un défi majeur sera de naviguer entre les écosystèmes américain et chinois pour garantir un accès durable aux technologies de pointe.

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