Une récente enquête met en lumière le malaise auquel sont en proie les femmes parlementaires en Afrique. Un quotidien fait de misogynie, de discrimination et de violences en tous genres aux quatre coins du continent de la part des hommes.
C’est à peine si la présence des femmes à l’Assemblée nationale n’indisposait pas les hommes en Afrique. À en juger par les résultats sidérants de la dernière enquête de l’Union interparlementaire (UIP), le constat est en tout cas sans équivoque : les femmes africaines sont encore loin d’être les bienvenues au sein de leurs hémicycles respectifs. Car tout y est fait pour les renvoyer à un statut de subalterne ancré dans les mœurs, surtout sur le continent, par une certaine masculinité toxique.
L’organisation basée à Genève estime notamment, après des entretiens avec 137 femmes députées et 87 autres intervenants à divers niveaux de l’institution parlementaire dans 50 pays différents, qu’il reste beaucoup à faire pour une véritable inclusion de la gent féminine au sein du haut lieu de représentation nationale que constitue le parlement.
Violences, menaces, sexisme…
Les femmes interrogées se disent l’objet de menaces diverses, allant de celles financières à celles plus graves d’assassinat. 42 % assurent ainsi avoir été une fois victime de menaces de mort au cours de leur mandat. Cela peut se produire, à en croire les témoignages, sur fond de rivalité politique avec les hommes. Mais aussi parce que les victimes sont des femmes. Il n’est pas rare en Afrique que des députés masculins fassent allusion au sexe de leurs collègues, parfois insidieusement, mais bien souvent de façon on ne peut plus claire afin de les rabaisser. Comme unetelle à qui ses collègues attribuent l’ascension en politique uniquement à la « promotion canapé », de l’expression désignant en langage courant, une faveur obtenue en échange d’une relation sexuelle.
Les violences sexuelles et physiques font également partie du lot quotidien des femmes à l’Assemblée nationale sur le continent, avec respectivement 39% et 23% de cas concernés.
Une parité feinte
Ces données sont à bien des égards semblables à celles relevées dans les parlements européens quelques années plus tôt par l’UIP. Mais elles traduisent une certaine contradiction propre à l’Afrique. De plus en plus de pays œuvrent en effet à l’Assemblée nationale, à travers les textes à tout le moins, pour une meilleure représentativité des femmes. Reste que ces dernières ne s’y sentent pas désirées.
Si même les parlements ne parviennent pas à constituer un abri de protection à la femme, qu’en sera-t-il de la société en général ?
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