Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a alerté la communauté internationale, la semaine dernière, sur une éventuelle vague de famines dans le monde en raison de la guerre en Ukraine. Il a particulièrement porté ses craintes sur les pays d’Afrique, dont l’Egypte, la Libye, le Burkina Faso et la République démocratique du Congo (RDC).
L’Ukraine et la Russie, des greniers à blé du monde
L’invasion de l’Ukraine par la Russie, le jeudi 24 février 2022, a bouleversé l’économie mondiale. Elle perturbe les approvisionnements en énergie, en métaux et surtout en denrées alimentaires, dont le blé. En effet, si la Chine et l’Inde sont les plus grands producteurs de cette céréale au monde, l’Ukraine et la Russie en sont les greniers car ils produisent davantage qu’ils n’en consomment. Leurs gros excédents vont à l’exportation.
Ces deux pays représentent 28 % des exportations et près de 15 % de la production mondiale. Ils sont aussi les principaux fabricants d’engrais, des produits chimiques essentiels à l’agriculture. En raison de la guerre sur leurs territoires, l’Ukraine et la Russie ont décidé l’interdiction d’exportation de leur blé et intrants, d’abord destinés à leur propre consommation et usage. D’ailleurs, même s’il y avait des dérogations, les exportations seraient impossibles car les grands groupes de transport maritime quittent la Russie les uns après les autres, après une salve de sanctions économiques.
Une peur réelle de l’inflation
Selon les Nations unies, la récolte mondiale devrait être amputée au minimum de 30 % cette année à cause de la crise ukrainienne. L’offre étant désormais réduite, les prix des denrées alimentaires vont continuer de grimper, jusqu’à atteindre 22 % de hausse d’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Depuis quelques semaines, les tarifs ont déjà atteint un niveau record en Europe. Mais les principales craintes se portent sur l’Afrique. Réunis à Versailles le 10 mars 2022, les pays du G7 ont dit craindre une crise alimentaire dans cette partie du monde. Pour éviter une famine de plusieurs mois, Emmanuel Macron a appelé ses paires à réévaluer leurs stratégies à l’égard de ce continent.
Une augmentation du nombre de personnes sous-alimentées
Quelques jours plus tard, le 14 mars, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a imploré la communauté internationale de faire de faire tout son « possible pour éviter un ouragan de famines et un effondrement du système alimentaire mondial ». Il a même dit redouter des émeutes de la faim dans certains pays. Ce qui dégraderait davantage la situation sécuritaire dans le monde. La famine frapperait particulièrement les pays africains, parmi les plus pauvres au monde. Surtout ceux qui importent au moins 50% de leur blé d’Ukraine et de la Russie. C’est le cas du Soudan, de l’Ethiopie, de la Somalie, de l’Egypte, de la République démocratique du Congo (RDC) et du Burkina Faso. Dans la plupart de ces pays, les conflits armés et la crise sanitaire accentuent déjà la faim parmi la population.
Que faut-il faire maintenant ?
Pour éviter une situation dramatique, l’Algérie a décidé d’interdire l’exportation de produits de consommation dont la matière première vient de l’étranger. Il s’agit notamment du sucre, des pâtes et de la semoule. Le gouvernement prépare aussi un projet de loi pour pénaliser ces exportations et les considérer comme un acte de sabotage de l’économie nationale. L’Egypte a pris des mesures similaires pour préserver ses ressources alimentaires et limiter l’inflation. Le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Mali se préparent également.
Des appels se font en outre entendre pour la préservation de l’aide internationale, alors que celle-ci semble désormais se tourner entièrement vers l’Ukraine. Par ailleurs, certains politiques demandent un plan de sauvegarde et si possible une annulation des dettes…Mais ce risque de famine reste tout de même mineur compte tenu du fait que l’Afrique ne vit pas exclusivement de blé. D’ailleurs, ce catastrophisme des Nations Unies rappelle celui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au sujet des conséquences du Covid-19. Alors que l’OMS s’attendait à une hécatombe, l’Afrique s’en sort plutôt bien.
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