Nosopharm débute les essais cliniques de son antibiotique en 2023

Une chercheuse regardant dans un microscope dans un laboratoire.
Image par Herney Gómez de Pixabay

Nosopharm, une entreprise de biotechnologie française, a développé un antibiotique révolutionnaire contre les infections bactériennes. Après des tests de toxicologie concluants en juin 2022, elle prévoit de débuter des essais cliniques chez l’Homme cette année.

Se servir de bactéries pour combattre d’autres bactéries. C’est un principe largement connu dans le domaine médical et scientifique. Sur le marché des antibiotiques, par exemple, les laboratoires utilisent les bactéries du sol du phylum, comme les actinomycètes, pour produire des antibiotiques. Ces microbes ont notamment permis de développer l’érythromycine et la tétracycline. Mais, il est de plus en plus difficile de découvrir de nouveaux traitements efficaces à partir de ces ressources très prolifiques mais désormais épuisées.

Noso-502 pour combattre les infections nosocomiales

Nosopharm, une entreprise de biotechnologie française dédiée à la découverte de médicaments anti-infectieux, a choisi une nouvelle approche. Elle a fabriqué Noso-502, un antibiotique first-in-class basé sur les bactéries Photorhabdus et Xenorhabdus. Ces bacilles à fort potentiel, pourtant inexploités, produisent des composés qui empêchent les autres microbes d’envahir leurs territoires. Et cela sans nuire à leurs hôtes parasites. Nosopharm explore non seulement leurs propriétés antibiotiques, mais également leurs effets antifongiques et antiparasitaires.

Une nouvelle classe d’antibiotiques appelée odilorhabdines

Ses chercheurs ont conçu une plateforme unique de découverte de médicaments pour isoler et cribler Xenorhabdus et Photorhabdus. Ils ont identifié une famille de composés efficace appelée odilorhabdines, ayant permis de développer NOSO-502. Très prometteur, le nouvel antibiotique doit traiter les infections nosocomiales, contractées en milieu hospitalier et causées par les bactéries Gram négatif comme l’Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae. En 2019, ces agents pathogènes ont été responsables de 59% des 1,27 million de décès liés à l’antibiorésistance dans le monde. Selon des prédictions de l’OMS, cette résistance aux antibiotiques pourrait faire plus de 10 millions de morts d’ici 2050.

Un nouveau mécanisme d’action contre les bactéries résistantes

Noso-502 doit pouvoir juguler durablement ce problème majeur de santé publique. Des résultats d’études toxicologues publiés en juin 2022 montrent que cet antidotique first-in-class a une puissante activité contre les agents pathogènes. En effet, il inhibe le ribosome bactérien grâce à un nouveau mode d’action contre les entérobactéries résistantes aux carbapénèmes. « Il se verrouille sur un nouveau site de liaison sur le ribosome et avec un mode d’action différent par rapport aux autres antibiotiques ciblant le ribosome », souligne Philippe Villain-Guillot, co-fondateur de Nosopharm. Une seconde étude menée en collaboration avec l’Inserm, et parue en octobre 2022, relève également que le traitement réduit considérablement les niveaux de bactéries problématiques.

Un nouveau conseil de surveillance pour l’étape finale

Ces résultats positifs permettent à Nosopharm d’effectuer des essais cliniques chez l’Homme dès 2023. Anticipant cette étape décisive, le groupe a remanié à l’été dernier son conseil de surveillance. Il a nommé à la présidence Jacques Dumas, à la place de Jacques Biton. Aussi, a-t-il intégré une poignée d’autres membres et représentants d’investisseurs. La nouvelle équipe devra signer des partenariats stratégiques privés et publics, ainsi que réaliser le prochain tour de table de l’entreprise. Ce qui permettra de lancer la phase 1 des essais cliniques. Philippe Villain-Guillot est convaincu que ce nouveau conseil de surveillance jouera un rôle décisif dans la lutte contre l’antibiorésistance.


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