Kenya : William Ruto annonce des coupes budgétaires

Nairobi, Kenya.
Photo de Joecalih sur Unsplash

Au Kenya, le président William Ruto a annoncé vendredi dernier des coupes budgétaires pour combler le déficit public. Cette mesure est un compromis, après le rejet en juin du projet de loi de finances par la population. Elle ne satisfait pas les marchés et les institutions financières internationales.

Fin juin, le Kenya a été secoué par de violentes manifestations contre le projet de loi de finances 2024. Adopté par les députés le 26 juin, ce texte comprend des mesures fiscales telles que l’instauration d’une TVA de 16 % sur le pain et une taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules à moteur.

Au Kenya, les jeunes font reculer le pouvoir

Ce projet de loi était jugé indispensable par l’Etat pour financer son ambitieux budget 2024-25, qui s’élève à 4 000 milliards de shillings (29 milliards d’euros). Mais les jeunes ont estimé qu’il ne passerait pas car la population souffre déjà trop. Se sentant trahis par le président Ruto, qui leur avait fait de belles promesses lors de sa campagne électorale en 2022, ils ont pris d’assaut le Parlement, le 26 juin, pour demander le retrait du texte. Les affrontements avec la police ont fait une trentaine de morts, selon les ONG de droits de l’Homme.

William Ruto annonce des mesures alternatives

Face à la détermination des contestataires, William Ruto a dû faire marche arrière. Le chef de l’Etat a suspendu le projet de loi de finances, quelques jours après les émeutes sanglantes. Mais il devait également contenter les institutions financières comme le Fonds monétaire international, qui demande au pays de réduire son déficit. Comme compromis, le président kenyan a annoncé vendredi dernier des coupes budgétaires de 177 milliards de shillings (1,3 milliard de dollars).

Fin des voyages non essentiels et des achats de nouveaux véhicules

Pour atteindre ses objectifs, William Ruto a suspendu les achats de nouveaux véhicules automobiles par le gouvernement pendant 12 mois, à l’exception des agences de sécurité. Il a également mis fin aux voyages non essentiels des agents de l’État et des pouvoirs publics. En outre, il a supprimé les budgets de certains bureaux des première et deuxième dames, et dissout 47 agences d’État. Certaines de ces décisions avaient été proposées par les manifestants.

William Ruto a foi que le Kenya s’en sortira avec les mesures annoncées

Avec ces mesures d’austérité, le déficit budgétaire du Kenya est désormais projeté à 4,6 % du produit intérieur brut pour l’exercice 2024-25, contre une estimation antérieure de 3,3 %. « Je crois que ces changements mettront notre pays sur une trajectoire de transformation économique », a déclaré Ruto. Mais les analystes estiment que le retrait du projet de loi des finances pourrait empêcher le Kenya d’atteindre ses objectifs de réduction de déficit.

Moody’s dégrade la note du Kenya

Moody’s a immédiatement réagi aux décisions de Ruto. L’agence a dégradé lundi la note de crédit du pays, la faisant passer de « B3 » à « Caa1 » avec une perspective négative. Elle a expliqué, dans un communiqué, que la reculade du président « constitue un changement de politique majeur, impactant négativement les trajectoires fiscales et les besoins de financement du Kenya ». Elle estime également que l’annulation du projet de loi ralentira le plan de réduction de la dette publique.


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