Rwanda : début des essais sur les pommes de terre OGM

Pommes de terre
Photo de Lars Blankers sur Unsplash

Le Rwanda lance dès ce mois de septembre des tests sur des pommes de terre génétiquement modifiées et résistantes au mildiou, une maladie qui cause des pertes importantes aux agriculteurs. En plus de sauver les récoltes, cette variété va  permettre de stopper le déclin de la population d’abeilles.

L’Office rwandais de développement de l’agriculture et des ressources animales (Rwanda Agriculture and Animal Resources Board ou RAB) va lancer dans ce mois de septembre des tests sur des variétés de pommes de terre génétiquement modifiées et résistantes au mildiou. Cette maladie fongique des fruits et légumes peut faire perdre aux agriculteurs la quasi-totalité de leur récolte.

Début de la saison agricole pour les pommes de terre au Rwanda

Le RAB a annoncé la bonne nouvelle le vendredi 30 août, à l’issue d’un dialogue stratégique de trois jours entre des chercheurs en biotechnologie des systèmes agricoles et alimentaires africains. Athanase Nduwumuremyi, scientifique au RAB et coordinateur du programme « Racines et tubercules », précise que les essais concerneront principalement la province du Nord, au cours de la saison agricole qui débute en septembre et prend fin en février 2025.

Les pommes de terre OGM développées avec l’aide du CIP

Le district de Musanze, l’une des principales zones de production de pommes de terre du Rwanda, concentrera le gros de l’expérimentation. Celle-ci se fera en partenariat avec l’Université de Michigan State, aux Etats Unis. L’équipe rwandaise travaille aussi avec le Centre international de la pomme de terre (CIP) qui a développé des variétés OGM basées sur les semences couramment cultivées dans le pays. Notamment la variété Victoria, une pomme de terre à maturité précoce qui peut se cultiver trois fois dans l’année.

Six cultures vivrières ciblées par les essais OGM

Cette pomme de terre croisée est l’une des six cultures vivrières ciblées par le programme du RAB. Les autres sont : le maïs, le riz, les haricots, le blé et le manioc. Cette dernière culture fait actuellement l’objet d’essais dans des localités du sud. Les expérimentations en cours interviennent un an après que le gouvernement rwandais a approuvé, le 13 juillet 2023, un nouveau projet de loi qui autorise l’utilisation, le traitement et la commercialisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM).

Le mildiou peut faire perdre 100 % des récoltes de pommes de terre

Au Rwanda, la production annuelle de pomme de terre a atteint près de 865 000 tonnes en 2023, d’après les données de l’Institut national de la statistique (NSR). Mais cette production est menacée par le mildiou, qui peut faire de sévères dégâts. Elle infecte les feuilles, les tiges et les tubercules, et se propage rapidement dans les champs. Si elle n’est pas traitée à temps, cette maladie entraîne des pertes considérables estimées entre 60 et 100 % des récoltes. Chaque année, elle coûte entre 3 à 10 milliards de dollars aux agriculteurs dans le monde.

La semence OGM protégera aussi la population d’abeilles des pesticides

Au Rwanda, le mildiou détruit jusqu’à 80 % de la récole attendue si le paysan n’a pas les moyens d’acheter les produits agrochimiques nécessaires. Il faut principalement utiliser les pesticides sur les cultures. Mais la pulvérisation de ces substances cause souvent des effets nocifs sur la biodiversité. Elle provoque notamment le déclin de la population d’abeilles et réduit drastiquement la production de miel. Celle-ci est passée de plus de 6 000 tonnes à 2 000 tonnes par an au Rwanda. Les pommes de terre OGM peuvent sauver ces butineuses, si importants pour l’environnement et les hommes.


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