Un Africain pour succéder au pape François ?

Alors que l’Église se prépare à dire adieu à Jorge Mario Bergoglio, décédé le 21 avril, des supputations vont bon train quant à l’identité du prochain souverain pontife. Pourrait-il provenir d’Afrique ?

« Je n’en doute pas, car n’importe qui pourrait l’être », répond le cardinal sud-soudanais Stephen Ameyu dans un entretien au journal Le Monde lorsque la question lui a été posée quant à l’éventualité d’un pape africain, ce qui serait une première depuis le cinquième siècle.

Autant dire une période où la religion catholique n’avait pas encore connu une telle expansion sur le continent. Au point de concerner aujourd’hui 16% des pratiquants à l’échelle mondiale selon les données de l’institut américain Pew Research.

L’Afrique représente ainsi la troisième région avec la plus grande concentration de catholiques au monde, après l’Amérique latine et les Caraïbes (42%) et l’Europe (20%). Pour autant, a-t-elle vraiment une chance dans la course aux « papabiles » actuellement ouverte ?

S’il est difficile de prédire l’issue du conclave d’où sortira le nom successeur du pape François – en raison de son caractère presque toujours surprenant d’après de nombreux observateurs –, trois cardinaux originaires du continent africain se dégagent parmi les 18 cardinaux « papabiles » prévus pour participer à ce grand rendez-vous.

Robert Sarah, « le prélat au verbe haut »

Le premier et sans doute celui qui mobilise le plus sur la toile depuis le décès de François, est Robert Sarah. Né à Ourouss dans le nord de la Guinée, il s’est fait un nom en s’élevant contre le régime dictatorial de l’ex-président Sékou Touré.

Nommé archevêque de Conakry en 1979 par Jean-Paul II, qui le surnomma d’ailleurs « bébé », l’homme de 79 ans décrit par le magazine Jeune Afrique comme « un prélat au verbe haut », n’a pas peur de prendre position, quitte à s’attirer les critiques d’une franche de l’Église.

« Tous les migrants qui arrivent en Europe sont sans argent, sans travail, sans dignité. C’est ce que veut l’Église ?« , s’est-il par exemple demandé en 2019 en marge d’un entretien dans les colonnes du journal conservateur Valeurs Actuelles.

Fridolin Ambongo et Peter Tuckson

Le Congolais Fridolin Ambongo revient également parmi les outsiders. À 65 ans, l’Archevêque de Kinshasa a à son actif plusieurs années de lutte contre la corruption et l’arbitraire dans son pays, la RDC, où les turbulences politiques sont monnaie courante.

« Comment comprendre que l’on passe du temps, que l’on dépense de l’énergie et même de l’argent à parler de l’opportunité ou pas de changer ou de réviser la Constitution, en lieu et place de s’occuper de cette jeunesse abandonnée, de se soucier d’elle et de son avenir par des actions et des initiatives concrètes bien réfléchies et planifiées ? », s’est-il interrogé il y a quelques mois en plein débat sur la révision constitutionnelle.

À ceux-là s’ajoute le cardinal Peter Tuckson, né au Ghana. Un des conseilleurs du défunt pape François, il est réputé plus flexible que les deux précédemment cités sur cette question doctrinale de l’Église. De quoi représenter une « troisième voie » entre les partisans d’une Église plus traditionnelle et celle incarnée par le pontificat Jorge Mario Bergoglio.


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