Belgique et Luxembourg lâchent le Sahel

Les deux pays occidentaux envisagent de rompre leur coopération avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, tous trois gouvernés par des régimes militaires prônant l’émancipation vis-à-vis de l’Occident.

La Belgique et le Luxembourg s’apprêtent à retirer leurs missions d’aide du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Selon une information révélée le 22 juillet dernier par Jeune Afrique (JA), ce désengagement pourrait intervenir avant la fin de l’année, d’après des sources concordantes citées par le magazine.

Les trois pays africains concernés, tous dirigés par des juntes militaires, sont regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette organisation, créée en septembre 2023 dans un contexte de tensions avec la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), prône la rupture avec l’influence occidentale, tout en se rapprochant de la Russie.

Un paradoxe largement pointé par les observateurs. Dans ce contexte, Bamako, Ouagadougou et Niamey ont rompu leurs relations diplomatiques avec de nombreux pays occidentaux, en particulier avec la France, l’ancienne puissance coloniale désormais honnie. Cette dégradation des relations européennes explique en partie la décision belge et luxembourgeoise d’après JA.

Un contexte sécuritaire profondément troublé

À cela s’ajoute un contexte sécuritaire dégradé. Selon le Global Terrorism Index, le Sahel est devenu en 2025 l’épicentre mondial du terrorisme, concentrant 51 % des décès terroristes dans le monde.

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso subissent régulièrement des attaques qui se sont désormais étendues vers les pays côtiers, dont le Ghana, le Togo, le Bénin et la Côte d’Ivoire, grâce à la stratégie d’expansion du JNIM (filiale d’Al-Qaïda) et de l’ISSP (État islamique au Sahel).

Paradoxalement, la menace sécuritaire invoquée par les putschistes pour justifier leur coup d’État respectif s’est donc aggravée malgré l’intervention russe – via le groupe paramilitaire Wagner puis Africa Corps – et le déploiement de militaires dans la région.

Pire, ces forces russes sont accusées par de nombreux rapports internationaux d’exécutions extrajudiciaires et d’enlèvements, avec la complicité des autorités locales. Parallèlement, la situation politique se durcit et les libertés s’érodent dangereusement.

Des conséquences sociales majeures

Les retraits belge et luxembourgeois risquent d’avoir de lourdes conséquences sur les populations locales, dans un contexte où les États concernés peinent déjà à répondre aux besoins fondamentaux. L’ampleur des financements révélés par Jeune Afrique en jeu illustre cet enjeu.

En 2024, LuxDev avait engagé 15,9 millions d’euros au Burkina Faso et 7,8 millions d’euros au Mali, concentrés principalement sur des projets agricoles et éducatifs. Au Niger, la coopération luxembourgeoise avait investi plus de 20 millions d’euros annuellement entre 2017 et 2022.

Du côté belge, BIO (Société belge d’investissement pour les pays en développement) cumule 70 millions d’euros d’encours dans le secteur privé des trois pays de l’AES, sous forme de prêts et de participations.


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