Le Rwanda, nouvelle destination des expulsés de Trump

Kigali s’apprête à recevoir jusqu’à 250 migrants sans papiers expulsés des États-Unis dans le cadre de la politique d’immigration renforcée de la nouvelle administration américaine.

Les États-Unis ont conclu un accord avec le Rwanda prévoyant l’envoi vers ce pays de migrants en situation irrégulière sur le territoire américain. L’information, révélée le 4 août dernier par Reuters qui cite deux sources proches du gouvernement rwandais, concerne jusqu’à 250 personnes.

Une première liste comportant dix noms a même déjà été transmise aux autorités de Kigali selon l’agence de presse. Le ministre des Affaires étrangères rwandais a confirmé les détails de l’accord à France 24, précisant que son pays se réserve néanmoins le droit de sélectionner les migrants qu’il acceptera d’accueillir.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du durcissement de la politique migratoire entrepris par Washington depuis le retour de Donald Trump à la présidence sur fond de nationalisme symbolisé par son slogan « Make America Great Again ».

La Maison Blanche revendique à cet effet, l’arrestation de 100 000 étrangers sans papiers, d’après Le Monde. Des personnes détenues dans des conditions « qui portent atteinte à leur dignité et bafouent les droits humains fondamentaux », selon l’ONG Human Rights Watch.

Une stratégie controversée aux ramifications mondiales

Les expulsions vers des pays tiers ont été autorisées en juin dernier par la Cour suprême américaine. Cette approche vise à contourner les obstacles juridiques et logistiques des déportations traditionnelles. Le Rwanda s’ajoute ainsi aux destinations déjà utilisées comme le Soudan du Sud et l’Eswatini.

Selon les termes de l’accord, les migrants sélectionnés bénéficieront d’une formation professionnelle, d’un accès aux soins de santé et d’une assistance au logement. Ces mesures d’intégration sont présentées par Kigali comme des garanties d’insertion dans la société rwandaise.

« Presque chaque famille rwandaise a vécu les difficultés du déplacement, et nos valeurs sociétales sont fondées sur la réintégration et la réhabilitation« , justifie Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement, auprès de Reuters.

En contrepartie, Kigali recevrait un financement des États-Unis dont le montant exact n’a pas été révélé. Cette compensation financière soulève des questions sur la véritable nature de l’accord et les motivations économiques qui sous-tendent cette coopération migratoire.

Un précédent britannique qui interroge

Les groupes de défense des droits humains et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés expriment de fortes préoccupations concernant cet accord. Ces organisations dénoncent le bilan controversé du Rwanda en matière de droits humains, notamment ses liens présumés avec des groupes armés opérant dans l’est de la République démocratique du Congo.

Malgré ces critiques, l’administration Trump poursuit sa politique de durcissement migratoire en sollicitant activement des pays tiers. Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a ainsi révélé en juillet que « les États-Unis exercent une pression considérable sur les pays africains pour qu’ils acceptent des Vénézuéliens à expulser depuis les États-Unis, certains directement sortis de prison », selon CNN.

En 2022, le Royaume-Uni avait conclu un partenariat similaire avec Kigali pour y transférer des milliers de demandeurs d’asile. Pourtant, aucun migrant n’avait finalement été envoyé au Rwanda, le plan ayant été abandonné l’année dernière par le Premier ministre Keir Starmer après des années de contestations juridiques.


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