Le calvaire des voyages aériens en Afrique

Alors que de plus en plus de voix s’élèvent contre le caractère disproportionné des prix des déplacements en avion sur le continent, une récente table ronde a permis de percer le mystère de ce phénomène.

Vous souhaitez faire un déplacement Abidjan-Dakar en aller-retour à deux jours d’intervalle avec Air Côte d’Ivoire ou Ethiopian Airlines ? Il vous faudrait débourser un peu moins de 700 000 francs CFA, alors qu’un voyage Abidjan-Paris presque trois fois plus distant coûterait environ 340 000 francs via la compagnie Corsair ou Royal Air Maroc, au cours de la même période.

Ainsi va le quotidien des transports par avion en Afrique où rien ne semble être comme ailleurs. Cette situation de coûts prohibitifs pour les déplacements intra-africains maintes fois dénoncée sur le continent, est finalement parvenue aux oreilles des décideurs, du moins en Afrique de l’Ouest.

Les ministres des Transports de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont ainsi réunis à Lomé, dans la capitale du Togo, du 5 au 8 novembre dernier afin de trouver les voies et moyens d’y mettre un terme ou à tout le moins, amoindrir autant que faire se peut les coûts des déplacements aériens.

Un marché étroit et des coûts démultipliés

Leur diagnostic permet de comprendre les raisons à l’origine de ce que d’aucuns qualifient volontiers d’absurdité. À en croire Jeune Afrique (JA), les causes du coût prohibitif des voyages aériens sur le continent sont multiples et tiennent toutes à des investissements toujours plus hauts qu’ailleurs de la part des acteurs de cette industrie.

C’est le cas du kérosène, par exemple, qui représente 40% du prix du billet en Afrique contre 25% dans le reste du monde, notamment à cause du manque criant de raffineries sur le continent. D’autres postes de dépenses ont vu leur norme exploser plus vite en Afrique qu’ailleurs.

Les chiffres de JA évoquent : +6% pour la maintenance, +8% pour les coûts liés aux changes de devises, +6% pour les assurances. À cela s’ajoute l’étroitesse du marché aérien dans cette partie du monde. À preuve, seuls 14 millions de passagers devraient effectuer des vols intra-africains sur les 176 millions attendus cette année, soit à peine 8% du total.

Un système vérolé par des intermédiaires

Un autre paradoxe concerne les taxes, qui servent à financer les aéroports en Afrique. Une situation inverse de celle observée en Europe ou aux États-Unis, où ce sont les aéroports qui subventionnent les compagnies.

La non-réglementation des prix des billets due entre autres à des intermédiaires et à l’absence d’une régulation unique, n’arrange pas la situation.

« Les coûts prohibitifs des voyages aériens en Afrique de l’Ouest constituent un frein au commerce intra régional et à l’intégration », a reconnu Sédiko Douka, commissaire de la CEDEAO chargé des Infrastructures, en marge de la réunion de Lomé, alors que les discussions ont débouché sur quelques initiatives.

Il s’agit de la suppression des taxes non conformes aux recommandations de l’OACI et d’une réduction de 25% des redevances liées aux passagers et à la sécurité.


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