L’homme d’affaires semble plus que jamais persuadé de sa capacité à se forger un destin politique en vue de la présidentielle de 2023. Encouragé par sa percée lors du dernier scrutin, par la déconfiture des autres ténors de l’opposition, mais aussi par sa puissance de feu financière, Aliou Boubacar Diallo pose les jalons de ce qu’il appelle « une alternance véritable pour le Mali ».
Le grand-public ne connaissait pas, ou très peu, Aliou Boubacar Diallo avant la campagne de 2018. Le natif de Kayes est pourtant l’une des premières fortunes du pays, et un pionnier d’une certaine forme de patriotisme économique et industriel malien, au travers de sa société de production d’or (Wassoul’Or, aujourd’hui cédée pour environ 200 millions de dollars), ou de son projet de production d’électricité à partir d’hydrogène naturel.
C’est la dislocation de fait du pays en 2012, avec la descente de colonnes djihadistes jusqu’à Tombouctou, et l’incapacité des élites politiques nationales à lutter contre ce fléau et à dépasser leurs divergences et leurs luttes intestines au nom de l’intérêt supérieur du pays, qui poussent alors Aliou Boubacar Diallo à s’investir en politique.
Après des mois d’investissements caritatifs et des millions de dollars de donations pour aider les soldats et les civils victimes des groupes terroristes, et également poussé par son mentor, le Chérif de Nioro (la principale autorité religieuse et spirituelle du pays), l’homme d’affaires crée en 2013 sa formation politique, ADP-Maliba (Alliance Démocratique pour la Paix).
Un parti qu’Aliou Boubacar Diallo structure à l’image du message politique qu’il souhaite porter auprès des Maliens : un renouvellement profond des structures et des hommes pour définir des réponses concrètes et efficaces aux problèmes socio-économiques du pays. Pour ce faire, une priorité : réduire enfin drastiquement le chômage de masse qui frappe en priorité les jeunes pour lutter contre la pauvreté, véritable carburant des groupes djihadistes.
La crise malienne, pour Aliou Boubacar Diallo, est avant tout sociale. Aussi primordiale que soit la dimension sécuritaire, elle ne sera jamais suffisante si les responsables politiques du pays ne redonnent pas espoir et confiance au pays. C’est sur la base de ce diagnostic, désormais largement accepté mais à l’époque minoritaire, qu’Aliou Boubacar Diallo lance sa campagne présidentielle entourée de nouvelles figures politiques.
Un message qui porte. Peut-être même au-delà des attentes du principal intéressé. Les propositions concrètes du candidat, notamment concernant un vaste plan d’investissements infrastructurels à destination du centre et du nord du pays, rythment le tempo de la campagne. En quelques semaines, l’inconnu de Kayes devient une figure incontournable du scrutin. Jusqu’au soir du premier tour où Aliou Boubacar Diallo se place en troisième position avec près de 10% des voix.
La suite reste à écrire, mais les derniers mois semblent indiquer que l’homme d’affaires ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Conscient que sa force réside dans la puissance de son message et le profond désir de changement et d’évolution du peuple malien après des décennies de reculs et de renoncement, Aliou Boubacar Diallo souhaite désormais structurer son mouvement politique et marquer de son empreinte le paysage politique du pays.
Il peut également compter sur l’état de délitement de certains anciens ténors de l’opposition, à l’image de Soumaïla Cissé, le finaliste malheureux de la dernière présidentielle, abandonné depuis des mois par ses principaux lieutenants qui ne croient plus en sa capacité à fédérer les oppositions au président Ibrahim Boubacar Keïta. Une place est donc à prendre (ou à créer) au sein de l’opposition pour incarner le désir grandissant d’alternance dans le pays. C’est ce rôle que le président d’honneur d’ADP-Maliba souhaite incarner dans les mois et les années à venir.
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