Mauritanie : Ghazouani, une main de fer dans un gant de velours

A Nouakchott on dit de lui qu’il est discret, taciturne, courtois, mais aussi impassible, voire implacable. Mohamed ould Ghazouani est le nouvel homme fort de Mauritanie. Depuis son accession au pouvoir, le 1er août 2019, ce général de métier multiplie les gestes en direction de l’opposition et des activistes. A telle enseigne qu’on voit en lui l’homme de la rupture.Un maillon fort de la sécurité intérieure mauritanienne

Mohamed ould Cheikh El Ghazouani est un haut fonctionnaire de l’armée nationale, qu’il a intégrée dans les années 1970. Il est connu pour avoir été le partenaire de Mohamed Ould Abdel Aziz dans le renversement du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi en 2008. Il a été membre du conseil militaire qui a destitué l’ancien président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya en 2005. En tant que chef d’état-major des armées pendant dix ans, c’est lui qui a été l’artisan de la stratégie de défense de Mohamed Ould Abdel Aziz. Grâce à cette stratégie, la Mauritanie n’a connu aucun incident depuis 2011 dans un Sahel miné par le terrorisme. Il a également assumé la fonction de ministre de la défense de 2018 à 2019.

« J’ai constaté beaucoup d’ouverture, de pondération et de modération »

C’est ce militaire de métier et très proche de Mohamed Ould Abdel Aziz qui a pris les rênes de la Mauritanie en août dernier. Alors que les observateurs nationaux et internationaux s’attendaient à ce qu’il huile bien le système, Mohamed ould Cheikh El Ghazouani a donné l’impression de vouloir marquer un changement, à défaut d’une rupture franche d’avec son prédécesseur et mentor. Il a ainsi ouvertement critiqué le régime de celui-ci lors de son discours de prestation de serment le 1er août 2019. Mieux, il a remis en cause sa politique de harcèlement de l’opposition en invitant tous les partis au dialogue afin de tourner la page de la contestation électorale et jeter les bases de la réconciliation nationale. En septembre, il a ainsi reçu en audience les leaders de l’opposition à tour de rôle. Ce sont les présidents du RFD Ahmed O. Daddah, de l’APP Messaoud O. Boulkhair, de l’UFP Mohamed O. Maouloud, du parti Sawab et de l’IRA-Mauritanie Biram Dah Abeid. Après son entretien avec le nouveau chef de l’Etat, Biram Dah Abeid avait confié à RFI : « J’ai discuté pendant plusieurs heures avec monsieur Ghazouani et j’ai constaté beaucoup d’ouverture, de pondération et de modération ». Il a toutefois souhaité que Ghazouani pose des actes forts comme la réforme de la Ceni – la Commission électorale nationale indépendante.

Une grâce présidentielle annoncée en novembre

Parallèlement à cette première amorce du dialogue national inclusif, Ghazouani aurait pris la décision d’annuler toutes poursuites judiciaires contre des personnalités nationales : hommes d’affaires, sénateurs, journalistes et syndicalistes. Parmi ces personnalités, le banquier et homme d’affaires Mohamed ould Bouamatou, le « super » conseiller des présidents africains Mustapha Limam Chaafi et l’ancien président du patronat Azizi ould El Mamy. Tous sont en exil depuis plusieurs années. Cette grâce présidentielle serait pratiquement acquise, selon des sources très crédibles. Elle devrait intervenir avant les célébrations de la fête de l’indépendance, le 28 novembre prochain. Le lundi 29 juillet déjà, quelques semaines après son élection, Ghazouani  avait ordonné la libération de Mohamed Cheikh Ould Mkheïtir, un blogueur emprisonné depuis 5 ans.


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