Sénégal : Ousmane Sonko, l’opposant qui a fait tanguer le pouvoir de Macky Sall

Le pays de la Téranga a été secoué ces derniers jours par des manifestations d’une ampleur inédite depuis près d’une décennie. Au centre de ces tensions : un opposant de 46 ans décidé à succéder à l’actuel chef de l’État.

« Si Macky Sall veut me liquider, il lui faudra se salir les mains ». L’avertissement lancé par le 21 février dernier par Ousmane Sonko, n’avait rien d’un jeu. Et le président sénégalais a dû s’en rendre compte ces derniers jours. Depuis le 3 mars 2021, le pays est en effet pris dans une vague de contestations meurtrières. Bilan : une dizaine de morts au moins, à en croire les manifestants. Du côté de la section locale de la Croix-Rouge, on annonce 590 secourus au cours des quelques jours de protestation qui ont failli emporter le régime en place.

Entrée en politique par effraction ?

À l’origine de ces troubles, une accusation de viol et de menace de mort à l’encontre d’Ousmane Sonko. Poil à gratter du pouvoir, le député de 46 ans a fait de la dénonciation des malversations et autres scandales d’État, sa ligne directrice. Et pour cause, sa trajectoire politique y est intimement liée. En 2016, cet inspecteur des impôts originaire de la Casamance accuse plusieurs personnalités de profiter d’avantages fiscaux indus. Dans sa ligne de mire : l’Assemblée nationale et même Aliou Sall, frère cadet du président. S’ensuit une course contre la montre du pouvoir pour désavouer Sonko au sein de l’opinion. Il est notamment radié de la fonction publique pour « manquement à l’obligation de discrétion professionnelle » par l’État. Une sanction politique, dénoncent alors ses proches.

En 2017, celui qui avait auparavant créé son parti politique, « Pastef », réussi à se faire élire député. Une victoire d’étape pour ce diplômé en finances publiques.

Dernier rempart de l’opposition

En 2019, il se hisse troisième à la présidentielle avec 15 % des voix, derrière Macky Sall et Idrissa Seck. Ce dernier longtemps adversaire du président l’a finalement rejoint en novembre dernier. Au sein de l’opinion sénégalaise, l’accusation de viol contre Sonko par une employée d’un salon de massage de Dakar est perçue comme une machination du pouvoir contre un adversaire gênant. D’autant plus que le leader de Pastef reste la dernière voix critique d’une opposition affaiblie à force de démêlées judiciaires. Le discours de rupture porté par Ousmane Sonko séduit une frange importante de la jeunesse, dans le dénuement.

À Dakar, la tension est retombée depuis le 8 mars. Mais jusqu’à quand ?


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