Tensions postélectorales au Niger

Alors que le monde salue de façon unanime son départ annoncé du pouvoir, l’après-Mahamadou Issoufou pourrait bien laisser place à une situation politique tumultueuse au Niger. En cause : la victoire à la présidentielle revendiquée par chacun des deux finalistes du second tour.

L’alternance politique souhaitée de tous au Niger pourrait finalement ne pas se dérouler comme prévu. On semble s’acheminer dans ce vaste pays d’Afrique de l’Ouest, vers des lendemains d’élection tendue. En effet, le scrutin dont le second tour s’est déroulé le 21 février dernier est vivement contesté par le camp donné perdant mardi. Selon la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Mohamed Bazoum, candidat du parti, au pouvoir a gagné avec 55,75% des voix, suivi de l’autre candidat, Mahamane Ousmane crédité de 44,25 % des suffrages. Des chiffres vivement contestés par ce dernier qui avait 24 h plus tôt, appelé à la suspension des opérations à la Céni, arguant d’un système de fraude en faveur de son challenger. Il est monté au créneau tôt ce mercredi matin pour revendiquer la victoire avec 50,3% des voix. Tant pis si plusieurs chefs d’État de la sous-région ont d’ores et déjà reconnu la victoire de son adversaire.

Heurts et craintes d’une escalade des tensions

Les partisans de l’opposition n’ont pas attendu la sortie de leur leader pour prendre d’assaut certaines villes du pays. À commencer par Zinder, fief de Mahamane Ousmane où la connexion internet était au ralenti, selon de nombreux témoignages ce mercredi. Dans la capitale, Niamey, plusieurs quartiers ont été le théâtre d’affrontements entre les forces de l’ordre et des jeunes visiblement contre la victoire du parti au pouvoir. Certains commerces ont été également vandalisés. Par ailleurs, un parti politique, soutien de Mohamed Bazoum dans la ville de Dosso au second tour, a vu son siège saccager par des manifestants en colère.

Ces troubles préoccupent au plus haut point la communauté internationale qui a multiplié les appels à la retenue toute la journée du mercredi. Il faut dire que l’enjeu est de taille pour ce pays sahélien qui vit à travers ce scrutin, sa première alternance politique. L’histoire récente du Niger marquée par des coups d’État tous azimuts n’incite guère à l’optimisme, car la situation pourrait rapidement s’embraser.

De plus, le pays classé parmi les plus pauvres au monde est confronté à la menace jihadiste. Le deuxième tour de la présidentielle avait d’ailleurs été endeuillé par le décès de sept membres de la Céni dont le véhicule a sauté sur une mine.


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