Burkina Faso : les miniers forcés de contribuer à l’effort de guerre

Un lingot d'or.
Image par Erik Stein de Pixabay

Le gouvernement du Burkina Faso a annoncé cette semaine la réquisition de 200 kg d’or produit par le canadien Endeavour Mining. Il justifie cette mesure par un contexte exceptionnel de nécessité publique. En d’autres termes, il s’agit d’une contribution à l’effort de guerre.

Au Burkina Faso, le ministère des Mines a pris mardi un arrêté ordonnant la réquisition de 200 kg d’or (environ 7 000 onces) produits par le géant canadien Endeavour Mining. Il explique cette décision par « un contexte exceptionnel de nécessité publique ». En d’autres mots, le geste vise à financer l’effort de guerre alors que le pays fait face à une recrudescence des attaques terroristes.

10 % des actions des mines d’Endeavour Mining

Le gouvernement a prévenu que l’opération pourrait s’étendre à d’autres sociétés minières. Il a déjà réquisitionné 300 kg d’or du russe Nordgold, après une rencontre entre le capitaine Ibrahim Traoré et les opérateurs miniers implantés au Burkina Faso. Il faut rappeler que l’or constitue la principale ressource du secteur minier national, qui représente 14 % des recettes de l’État, 16 % du PIB et 80 % des exportations.

L’Etat burkinabé possède des actions dans plusieurs compagnies présentes sur son sol. Il détient notamment 10 % d’intérêts dans les 4 mines d’or exploitées par Endeavour Mining au Burkina Faso, via sa filiale locale Semafo. Ces exploitations (Houndé, Boungou, Wahgnion et Mana) représentent annuellement plus de 50 % de la production totale de la société canadienne.

Pas question de nationaliser les mines

Endeavour Mining exploite au total six mines en Afrique de l’Ouest (les autres en Côte d’Ivoire et au Sénégal). Le groupe est le premier producteur d’or de la sous-région avec 1,4 million d’onces livrés en 2022. Face à la situation critique au Burkina Faso, il prévoit de plus en plus de mieux s’implanter dans les deux autres pays de présence, plus stables.

Depuis leur accession au pouvoir par un coup d’Etat, en septembre 2022, le capitaine Traoré et ses hommes montrent une certaine volonté de voir plus clair dans l’exploitation des richesses nationales. Le régime a d’ailleurs décidé de procéder à une relecture du code minier, sans pour autant envisager une nationalisation des mines gérées par les compagnies étrangères.

Recrudescence des attaques terroristes 

Pour augmenter la valeur qu’il tire de ses ressources minérales, Ouagadougou prévoit aussi de construire une raffinerie d’or au niveau local. Mais il doit d’abord s’assurer de ramener la sécurité au pays. Sans quoi tout projet d’autonomie est vain malgré l’élan panafricaniste.

Ces derniers mois plusieurs exploitations ont dû fermer à cause des attaques terroristes multiples, principalement dans le nord du Burkina Faso. Pour retrouver un climat paisible, la junte a augmenté son budget de la sécurité. Il a surtout mis en place un fonds de soutien patriotique pour le recrutement massif d’auxiliaires volontaires (VDP) pour soutenir l’armée.

L’or aux Russes de Wagner ?

On pense ainsi que la réquisition des mines d’or participent du financement de ces forces patriotiques. Mais des voix s’élèvent pour dénoncer les manœuvres à payer également les mercenaires de Wagner en nature. En décembre 2022 déjà, le président ghanéen Nana Akufo-Addo avait accusé le Burkina Faso d’avoir rémunéré la milice russe par la cession d’exploitations minières. Le gouvernement burkinabé aurait accordé un permis d’exploitation au géant russe Nordgold, sous le coup des sanctions occidentales.


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