Au Québec, la fin du recrutement controversé d’infirmiers en Afrique

Le gouvernement du Québec a annoncé mettre un terme à une pratique qui suscitait de nombreuses critiques : le recrutement d’infirmiers sur le continent africain.

Les infirmiers en provenance de plusieurs pays africains ne sont plus admis au Québec. C’est ce que viennent de décider les autorités, à en croire des informations de Radio Canada confirmées de sources officielles. Ces dernières mettent notamment en avant le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Maroc.

« Le Maroc a demandé d’exclure les infirmiers d’État de nos activités de recrutement à partir du deuxième trimestre de 2024, consigne que nous avons respectée. Certains pays d’Afrique nous ont demandé d’y limiter l’embauche en 2024, demande que nous avons aussi respectée », indique un courrier du porte-parole du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), cité par Radio Canada.

En cause, des frustrations exprimées par de nombreux pays d’Afrique concernant le recrutement effréné de spécialistes de la santé entamé par la province canadienne il y a quelques années.

Des raisons éthiques

Pendant plus de deux ans, le Québec a en effet activement recruté du personnel infirmier dans plusieurs pays d’Afrique. Au total, près de 1000 spécialistes ont été embauchés pour venir travailler dans les hôpitaux de la province et ainsi répondre à des besoins criants en termes de main-d’œuvre.

Cependant, cette pratique suscitait de vives critiques. Les pays sources soulignaient le coût considérable investi dans la formation de leurs professionnels de santé, qui partaient ensuite travailler à l’étranger, séduits par la promesse de conditions professionnelles bien plus compétitives.

L’Organisation mondiale de la Santé a également alerté, l’année dernière, sur la nécessité de « protéger les systèmes de santé vulnérables », dont une majorité en Afrique ne dispose pas d’un nombre suffisant de personnel.

De quoi convaincre les autorités québécoises de réorienter leur cible de recrutement, évoquant des raisons « éthiques ». À la grande satisfaction de Souriya Otmani, ambassadrice du Royaume du Maroc au Canada, qui salue cette décision.

Le mirage d’un ailleurs rêvé

Et pourtant, les conditions de travail ne sont pas toujours aussi satisfaisantes que rêvées au Québec. Derrière la façade prometteuse d’une vie professionnelle épanouie se cache une réalité bien plus sombre, révélant les failles d’un système mal préparé à accueillir et intégrer les travailleurs étrangers, comme l’illustre un récent reportage de France 24.

Beaucoup se retrouvent en effet privés de tout, après avoir échoué à l’examen local. De quoi les laisser face à un choix cornélien : accepter un poste de préposé en maison de retraite ou rentrer au pays. Une alternative vécue comme une trahison par ces professionnels qui ont tout misé sur cette opportunité.

Face à l’échec, le soutien institutionnel semble faire cruellement défaut. Les candidats doivent naviguer souvent seuls dans un système complexe pour trouver une formation complémentaire, souvent dans des délais extrêmement serrés avant l’expiration de leur visa.


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