Le leader du streaming aurait décidé de limiter significativement ses investissements sur ce marché manifestement peu porteur pour lui.
Peu s’en doutaient certainement le 2 novembre dernier au déroulement de la deuxième édition de « Lights, Camera… Naija! », l’événement traditionnellement organisé par Netflix au Nigeria pour célébrer Nollywood – l’industrie du film nigérian – et ses acteurs, à Lagos, la capitale.
Mais le géant du streaming semble avoir déjà décidé à ce moment, de changer de stratégie en réduisant notamment ses interventions dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Selon deux cinéastes locaux habitués à collaborer avec la société américaine, interrogés par le site d’information Semafor, l’annonce est intervenue peu après cette soirée.
Cela revient à la suspension ou à l’annulation pure et simple – pour les moins chanceux – des projets prévus au Nigeria, comme l’a confirmé le cinéaste nigérian Kunle Afolayan dans une sortie dans la presse interprétée par certains comme l’annonce d’un départ de Netflix du Nigeria.
« Nous ne quittons pas le Nigeria. Nous continuerons à investir dans les histoires nigérianes pour le plaisir de nos membres« , a réagi un porte-parole du groupe dans un e-mail rapporté par Semafor, alors que les supputations allaient bon train la semaine écoulée.
Une réorientation peu rassurante
Une réaction qui peine à participer à une dissipation des inquiétudes. Car l’entreprise reste muette sur ses véritables intentions. Semafor croit en tout cas savoir qu’elle entend désormais privilégier l’acquisition de licences pour des films ayant déjà fait leurs preuves dans les salles locales, plutôt que d’investir directement dans de nouvelles productions.
Difficile de connaître les raisons de cette réorientation discrète, mais quelques pistes émergent cependant. Parmi ceux-ci figurent la chute du cours du Naira, la monnaie locale, et une conjoncture économique particulièrement délicate, limitant de fait le pouvoir d’achat des ménages.
« Le budget qui nous est consacré est proportionnel aux gains engrangés au Nigeria », explique Kunle Afolayan, dont le film « Anikulakpo » aurait été sauvé in extremis. « Dieu merci, nous avons tourné les saisons deux et trois. Parce que tous ceux qui ont reçu des commandes en même temps que nous ont été annulés, les projets ont été annulés », a-t-il dévoilé.
Un marché peu opportun ?
Pour Paola Audrey, jeune femme active dans le milieu du show-business, il s’agit certes d’un coup dur, mais surprenant.
« Il faut bien garder en tête que tous les abonnés payants cumulés de Netflix en Afrique subsaharienne sont moins nombreux que les seuls abonnés du Brésil. Quand tu as de l’argent à brûler, ce n’est pas grave. Mais en temps de crise… », écrit-elle sur X.
Elle pointe également comme motif de cette restriction, la solide implantation de Showmax, acteur du streaming sud-africain, dans le paysage nigérian.
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