Les BRICS, vraie chance pour l’Afrique ?

L’alliance, qui se pose en alternative au Nord, séduit de plus en plus sur le continent africain. Mais à quel prix ?

Le 17e sommet des BRICS, ouvert ce dimanche 6 juillet à Rio de Janeiro, marquera-t-il l’entrée de nouveaux membres dans le club ? La question mérite d’être posée, tant ce groupe d’économies émergentes séduit, particulièrement en Afrique.

Le continent, qui conteste son traitement inégalitaire par l’Occident à travers des institutions comme la Banque mondiale, le FMI ou l’ONU, y voit l’occasion de prendre sa « revanche » sur un ordre mondial toujours régi par des règles héritées de la Seconde Guerre mondiale.

Pour la ministre des Affaires étrangères du Sénégal, dont le pays discute d’un éventuel ralliement, il s’agit d’une « alternative pour les pays du Sud », offrant « plus d’espace d’échange, d’expression et d’accès à des ressources monétaires ou commerciales ».

Il faut dire que le regroupement créé en 2009 par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine – d’où son appellation, provenant des initiales de chacun de ces pays – ne manque d’attraits, entre sa Nouvelle Banque de Développement (NBD) et l’influence de ses membres fondateurs.

Des promesses à la réalité

L’exemple algérien illustre parfaitement cette attractivité. Après l’échec de sa candidature à l’adhésion pleine aux BRICS en 2023 – officiellement en raison du manque de diversification de son économie trop dépendante des hydrocarbures –, le pays a néanmoins rejoint le cercle des pays partenaires, devenant en mai le neuvième actionnaire de la NDB avec une contribution de 1,5 milliard de dollars.

« Beaucoup y voient l’occasion d’accroître le poids de l’Afrique sur la scène internationale alors qu’ils considèrent qu’ils n’ont pas voix au chapitre au sein de l’ordre mondial tel qu’il est conçu », décrypte Laurent Delcourt, chargé d’études au Centre tricontinental, dans les colonnes de Jeune Afrique (JA).

Attention toutefois aux effets d’annonce. Car la promesse d’émancipation africaine à travers les BRICS pourrait ne pas se refléter dans les faits. « Derrière leur rhétorique de solidarité Sud-Sud, leur modus operandi n’est guère différent de celui des anciennes puissances coloniales », souligne le chercheur.

Des rapports de force inchangés

Derrière cette alliance se cachent en effet des rapports toujours aussi déséquilibrés entre les États africains et les membres les plus puissants du club. C’est notamment le cas de la Chine, qui affiche un large excédent commercial avec l’Afrique, situation qui ne semble pas près d’évoluer.

« Les biens exportés par la Chine demeurent des produits manufacturés et des biens d’équipement tandis que les biens exportés par l’Afrique restent essentiellement des minéraux bruts et des produits agricoles », relève Émilie Laffiteau, chercheuse associée à l’Institut français de relations internationales et stratégiques, auprès de JA.

Par ailleurs, les intérêts des onze membres actuels du groupe divergent sur des questions géopolitiques majeures, comme les conflits en Ukraine ou au Proche-Orient. De quoi rappeler que le continent africain doit veiller à ne pas échanger un « maître » contre un autre dans sa ruée vers les BRICS.


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