Conflit Etats-Unis/Iran : que se passera-t-il maintenant au Moyen-Orient ?

Conflit Etats-Unis/Iran : que se passera-t-il maintenant au Moyen-Orient ?

 

Après avoir montré les muscles la semaine dernière, les Etats Unis et l’Iran jouent maintenant la carte de l’apaisement. Pourtant, certains observateurs craignent une déflagration à tout moment. D’autres estiment que l’Iran réglera ses comptes sur d’autres terrains dans des « guerres par procuration » au Moyen-Orient.

Les milices pro-iraniennes en Irak

Il y a d’abord les groupes paramilitaires pro-iraniens en Irak, où se trouvent 5 200 soldats américains. Réunis sous la bannière du Hachd al-Chaabi, ils ont été en grande partie intégrés aux forces de sécurité irakiennes. Leur chef militaire Abou Mehdi Al-Mouhandis a aussi perdu la vie lors du raid américain. Nasser Al-Chemmari, numéro 2 de Noujaba, l’une des factions pro-Iran les plus radicales de cette coalition, s’engagea à mener une « guerre contre la présence américaine dans tous les endroits de la région » que ses hommes peuvent toucher. Moqtada Al-Sadr a aussi appelé à l’union des « factions irakiennes de la résistance ». Ce leader militaire chiite a réactivé son Armée du Mahdi, une milice islamiste qui avait tué des dizaines de soldats américains pendant la seconde guerre du Golfe.

Bachar Al-Assad en Syrie

L’Iran peut ensuite compter sur le régime de Bachar Al-Assad qui retrouve de l’autorité grâce à l’intervention russe et turque au nord du pays. Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan s’imposent depuis comme les deux hommes forts du conflit syrien. Dans une déclaration commune, ils ont dit prôné la diplomatie. « Nous affirmons notre engagement à désamorcer les tensions dans la région et appelons toutes les parties à agir avec retenue et bon sens et à donner la priorité à la diplomatie », qualifiant au passage l’assassinat de Soleimani » d’acte qui sape la sécurité et la stabilité de la région ». Un embrasement en Syrie semble donc « très peu probable, du moins à court terme », selon Didier Billion, directeur adjoint à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), qui analyse la situation pour franceinfo. L’objectif pour Téhéran étant de consolider le pouvoir de Bachar afin de s’installer en Syrie et d’avoir Israël à sa portée.

Le Hezbollah au Liban et en Syrie

Au Liban, mais aussi en Syrie où il est très présent, le Hezbollah peut se charger de faire le travail. Allié de Téhéran, qui l’a créé en 1986, ce puissant mouvement chiite a déjà visé quelques cibles américaines sur le territoire syrien. Son leader Hassan Nasrallah a appelé à « venger » l’assassinat de Qassem Soleimani. Il a cependant appelé à viser uniquement les intérêts militaires américains dans la région, sans menacer directement Israël. Pour Bernard Hourcade, du CNRS, un conflit armé entre le Hezbollah et Israël est « très peu probable au vu de la situation interne au Liban ». « Politiquement, le Hezbollah est en position de force et n’a pas intérêt à s’engager dans un nouveau conflit avec Israël », analyse-t-il.

Le Hamas en Palestine

Le troisième allié (circonstanciel) est le Hamas palestinien. Son chef Ismaïl Haniyeh s’est rendu à Téhéran pour rendre hommage à Qassem Soleimani. Il a dénoncé une « orgie de violence américaine » sans toutefois appeler à la vengeance. Le parti islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, bénéficie d’ailleurs d’un accord de trêve avec Israël et aurait trop à perdre à se lancer dans une nouvelle guerre. Quant au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui n’est pas en bons termes avec l’Iran, il a gardé le silence.

Les rebelles Houtis du Yemen

Les derniers acteurs pro-Iran du Moyen-Orient sont les Houtis. Ces rebelles du Yemen sont zaydites, un courant chiite différent du chiisme iranien. Ils sont armés par l’Iran contre le gouvernement sunnite, soutenu par l’Arabie Saoudite (allié des Etats Unis). Mohammed Al-Bukhaiti, membre du bureau politique des Houtis a promis que « L’agression ne restera pas sans réponse ». Cependant, l’Iran gagnerait à ne pas s’en prendre à son ennemi juré. Téhéran et Riyad s’étant engagés dans une désescalade dans le golfe persique.


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