Algérie : les vendanges plombées par la sécheresse, le coronavirus et le manque de main d’œuvre

Un vignoble en été.

 

Cette année, la sécheresse, le coronavirus et le manque de main d’œuvre ont sérieusement plombé les vendanges en Algérie. Le secteur viticole enregistre ainsi sa pire année depuis plusieurs décennies.

En cette saison de vendanges, le sourire n’est pas au rendez-vous chez les vignerons algériens. Et pour cause, la canicule, le manque de main d’œuvre et la pandémie du coronavirus ont eu raison des récoltes. Dans le grand Ouest notamment, haut lieu du vignoble algérien dont la production est la deuxième plus importante du continent africain derrière l’Afrique du Sud, on grince les dents. « Ce n’est pas comme d’habitude, on a beaucoup moins de récolte cette année à cause de l’été caniculaire. D’habitude, il y a beaucoup plus de raisin », confie à l’AFP Attou, un jeune vendangeur de 20 ans. Aussi, depuis plusieurs années, il y a de moins en moins de vendangeurs. Certains viticulteurs, faute de main d’œuvre, sont même condamnés à abandonner leurs vignes.

Pourtant, les activités commerciales et industrielles ont repris

Par ailleurs, la pandémie de coronavirus a provoqué un blocage des activités. En effet, les vignerons font face au maintien – sans justification officielle – de l’interdiction de vente d’alcool en boutiques spécialisées alors qu’une grande partie des activités commerciales et industrielles a progressivement repris après cinq mois de confinement. Par exemple, les cafés et restaurants ont été autorisés à rouvrir le 15 août. « Il faut que le gouvernement débloque la distribution (d’alcool) pour relancer notre activité économique », exhorte Dahmane Hamamouche, un vigneron qui possède des caves à Sidi Bel Abbès, à quelque 435 kilomètres au sud-ouest d’Alger.

« Si cela dure encore un mois ou deux, on ne tiendra pas »

Patron de la Société agricole de production de la vigne et du vin SAPVI), M. Hamamouche estime que sans cette levée d’interdiction, son entreprise ne tiendra pas encore longtemps. « On ne peut pas tenir comme ça, si cela dure encore un mois ou deux, on ne tiendra pas », lance-t-il alors qu’il connait déjà « des difficultés de paiement des salaires ».

Les producteurs espèrent maintenant l’aide de l’Etat pour développer leur activité afin d’assurer, au moins, la consommation nationale. D’après l’Association des producteurs algériens de boissons, la consommation de vin par an et par habitant en 2017 s’élevait à 1,4 litre. En 2016, l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) évaluait la production algérienne à 574 000 hectolitres et les importations à 113 000 hectolitres.

La surface viticole considérablement réduite depuis l’indépendance

La viticulture algérienne, qui remonte à l’Antiquité romaine, régresse fortement au fil des années. Elle couvrait plus de 350 000 hectares avant 1962 contre 75 600 en 2019, selon l’OIV. Cette réduction de la surface a débuté quand la France a suspendu l’importation de vin algérien à la suite de l’indépendance du pays. Le président Houari Boumediène avait alors décidé, en 1971, l’arrachage de 40 % des domaines viticoles. Une seconde grande vague d’arrachage est survenue durant la décennie noire (1992-2002), la sanglante guerre civile ayant fait environ 200 000 morts.


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