Année noire pour les producteurs d’oignons sénégalais

Le produit maraîcher, l’un des plus prisés par la cuisine locale, est délaissé par la population qui lui préfère la version importée. Au grand dam des agriculteurs du pays.

Malgré son coût au kilogramme devenu trois ou quatre fois moins abordable en l’espace de quelques mois, l’oignon sénégalais ne trouve pas de débouchés au marché. Les étals sont à peine visités par les usagers, s’ils ne sont pas tout simplement ignorés. À l’heure actuelle, seul le produit importé trouve grâce aux yeux des consommateurs. Conséquence, il n’est pas rare de voir des lots entiers d’oignons pourris faute d’acheteurs.

La situation d’autant plus préoccupante pour les commerçants qu’elle intervient dans un contexte de crise sanitaire mondiale avec ses répercussions inédites sur l’économie nationale. Mais comment en est-on arrivé à cette triste réalité pour les acteurs d’un produit pourtant omniprésent dans la plupart des repas au Sénégal ?

Combinaison de facteurs

Avec une production d’environ 450 000 tonnes par an, on serait tenté de dire que l’oignon sénégalais est victime de son succès. Les acteurs de ce produit maraîcher seraient donc un des rares à œuvrer pour l’autosuffisance alimentaire maintes fois serinée depuis l’accession au pouvoir du président Macky Sall en 2012. Mais une telle lecture apparaîtrait bien trop flatteuse, voire mensongère. Car si la production est bien au rendez-vous, elle souffre d’un certain nombre de facteurs pénalisant pour les acteurs du marché.

En effet, les doléances de l’État en faveur d’une récolte selon les différentes localités du pays n’ont jamais été entendues. Mus par une certaine rivalité commerciale, les professionnels de l’oignon continuent d’en produire tous au même moment, avec des semences de qualité douteuse qui plus est. Et le bulbe n’est pas toujours récolté au moment opportun. Pressés d’écouler le fruit de leur labeur, de nombreux agriculteurs font des récoltes précoces alors même que les conditions de conservation du produit ne sont pas optimales. Résultat des courses, les oignons s’abîment très vite à force de rester dans des sacs sans acheteurs.

Un marché concurrent adopté

Parallèlement, la concurrence remplie de producteurs étrangers et dotée d’une meilleure expertise sur toute la chaîne de production se frotte les mains. Les Marocains et autres Chinois grands industriels dans le domaine trouvent leur compte malgré la suspension des importations en vigueur dans le pays depuis le début de l’année. Il ne pouvait en être autrement, car la population n’est pas vraiment atteinte par la fibre du consommer-local. En attendant une régulation dont les acteurs appellent de leurs vœux, l’oignon sénégalais continue sa grise mine.


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