Bamako regarde Kaboul avec anxiété

Le triomphe des talibans, aidés par le départ des forces américaines, en Afghanistan inquiète le Mali en proie au jihadisme et bientôt sans appui militaire français. Une inquiétude d’autant plus grande que la transition qui a succédé au régime d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK) semble manquer à ses promesses.

Les événements en cours en Afghanistan sont une mauvaise nouvelle pour de nombreux Maliens qui semblent vivre à travers cela, un mauvais présage de ce qui pourrait prochainement advenir de leur pays. À l’instar du pouvoir afghan tombé entre les mains des talibans, beaucoup à Bamako craignent de voir la capitale et d’autres territoires du pays sahélien, conquis par les groupes jihadistes en guerre contre l’autorité centrale depuis 2012-2013.

Presqu’une décennie de lutte marquée par l’investissement massif d’une coalition internationale occidentale dont la France est une figure de proue. Mais face à une situation qui s’enlise sur le théâtre des opérations et sous la pression d’une communauté locale de moins en moins accueillante envers les forces étrangères, Paris se voit contraint d’opérer un repli. C’est ainsi que le président Emmanuel Macron a annoncé il y a quelques mois, le désengagement progressif de son pays de la guerre anti-jihadiste au Mali. Il ne devrait à terme rester d’ici quelques mois que 3 000 hommes tout au plus dans la région, contre 5 100 actuellement mobilisés.

Armée démunie

À ce rythme, les islamistes enturbannés déjà très enracinés dans de nombreuses régions du nord pourraient très rapidement déferler sur la capitale. À l’image de ce qui a failli se produire en 2013. Le pays avait failli tomber aux mains des jihadistes, n’eut été l’intervention de l’armée française sur demande express du chef d’État d’alors, Amadou Toumani Touré (ATT), à son homologue François Hollande.

Cette requête du Mali en faveur d’une intervention étrangère sur son sol fut le symbole ultime d’un pays sans armée capable de défendre l’intégrité du territoire disputée sur fond de revendication indépendantiste.

Contexte politique aléatoire

Hélas, la situation n’a guère évolué positivement huit ans après malgré l’aide de la France. Les années IBK n’auront permis aucune restructuration de l’administration publique minée par la corruption. Les militaires maliens brillent moins sur le front djihadiste qu’à travers les coups d’État. Le dernier en date remonte à mai 2021 et a vu le colonel Assimi Goïta devenir nouvel homme fort du pays. La transition qui s’en est suivie n’avance pas et nul ne peut assurer aujourd’hui que les élections auront bien lieu en 2022 comme promis.

Le syndrome afghan trône plus que jamais dans les esprits.


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