L’actualité politique au Mali et au Tchad a remis au goût du jour la problématique du rapport de l’Afrique au coup d’État. Alors, les prises de pouvoir illégales sont-elles reparties sur le continent ?
Les accessions au pouvoir par la force, en dehors de toute prescription légale, sont extrêmement rares de nos jours dans les grandes démocraties occidentales. Ce n’est pas le cas en Afrique. Là-bas, l’armée occupe encore une place prépondérante dans de nombreux pays. Parfois en raison d’un corpus institutionnel insuffisamment solide ou du caractère autoritaire de certains régimes dans lesquels seule la force a droit de cité. À l’image du Tchad dirigé d’une main de fer pendant 30 ans par l’ancien président Idriss Déby Itno, malgré ses apparences démocratiques. D’ailleurs, la mort de ce dernier a fait l’objet d’une succession dynastique entérinée par l’armée au mépris des dispositions constitutionnelles. Un coup d’État de plus en Afrique après celui d’août 2020 au Mali. Un pays où le régime transitoire vient d’être bouté dehors par les militaires. Comme si le continent africain et les coups d’État ne faisaient qu’un. Au grand dam des défenseurs de la démocratie.
Tous les coups d’État n’aboutissent pas
Les chiffres disponibles évoquent au moins 200 coups d’État ou tentatives de coup d’État en Afrique, selon des chercheurs américains des universités de Floride et de Kentucky. Sachant que toutes les prises de pouvoir par les armes ne sont guère couronnées de succès pour les initiateurs. Le Burkina Faso peut ainsi se gargariser d’avoir le meilleur ratio en la matière sur le continent. Le pays de Thomas Sankara a enregistré sept succès pour huit tentatives de coup d’État. Le Soudan a connu 15 tentatives – un record en Afrique – pour seulement cinq succès. Il est suivi par le Burundi avec 11 tentatives, le Ghana et la Sierra Leone avec 10 coups d’État tentés chacun. Les recherches n’indiquent aucune donnée disponible sur le taux de réussite dans chacun de ces pays.
Tendance à la baisse
Les décennies post-indépendances se sont accompagnées de plusieurs soubresauts en Afrique. La fin présumée des partis uniques et des régimes dictatoriaux qui en sont nés a favorisé la prise du pouvoir par les armes dans plusieurs nations. Ainsi, une moyenne de quatre coups d’État par an a été notée sur le continent entre 1960 et 2000. Un chiffre en baisse de moitié au cours des 20 dernières années.
L’Afrique connaît donc de moins en moins de coups d’État malgré les apparences. Mais l’équilibre du pouvoir y est plus fragile qu’ailleurs, comme en témoignent les exemples tchadiens et maliens.
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